Séisme d’ARETTE, une nuit d’août qui a marqué le Béarn
Dans la nuit du 13 au 14 août 1967, un violent séisme frappe le village béarnais d’Arette, semant la panique dans tout le piémont pyrénéen. Avec ses dégâts considérables et ses répercussions durables, cet événement s’inscrit comme l’un des plus importants tremblements de terre enregistrés en France métropolitaine au XXe siècle.
Le 13 août 1967, à 23 h 09, une violente secousse ébranle le sol d’Arette, petit village du Haut-Béarn situé aux portes de la Vallée de Barétous. La terre tremble pendant plusieurs secondes. Une première secousse réveille les habitants, immédiatement suivie par une seconde, plus forte, qui provoque d’importants dégâts dans le bourg. Une troisième vibration, de moindre intensité, vient clore cette série. À l’échelle locale, l’effet est saisissant : maisons fissurées, toitures éventrées, murs écroulés… Le clocher de l’église s’effondre partiellement, et de nombreuses bâtisses traditionnelles sont irrémédiablement atteintes.
La secousse principale, d’une magnitude estimée entre 5,5 et 5,7 sur l’échelle de Richter, a pour épicentre une zone située à seulement quelques kilomètres à l’ouest du village. Elle est ressentie dans tout le piémont pyrénéen, dans une grande partie de la Nouvelle-Aquitaine, et même au-delà : jusqu’à Bordeaux, Toulouse et dans le nord de l’Espagne. En quelques instants, une partie du Béarn prend conscience de sa vulnérabilité face à une menace souvent ignorée.
Une région sous le choc
Le bilan humain, bien que limité, demeure lourd : une femme perd la vie et une vingtaine de personnes sont blessées. Le traumatisme matériel et psychologique marque les esprits. À Arette, près de 80 % des habitations sont endommagées, et le village est en grande partie inhabitable. 2 283 bâtiments sont touchés dans la région, dont 340 déclarés irréparables.
Au total, 62 communes sont reconnues en état de catastrophe naturelle. Dans les jours qui suivent, les répliques sismiques se succèdent, renforçant l’angoisse des habitants. Des dizaines de secousses secondaires sont enregistrées, jusqu’à cinquante durant les vingtquatre premières heures.
Rapidement, les autorités locales et nationales se mobilisent. Le Maire d’Arette, Jean-Marie Lonnet-Peyret, coordonne les premiers secours. Des responsables politiques, dont Jacques Chirac, alors Secrétaire d’État à l’Emploi, se rendent sur place. La reconstruction s’organise, pas à pas, main dans la main, dans un climat de solidarité.
Un héritage de vigilance
Au fil des années, le souvenir du séisme de 1967 s’est enraciné dans la mémoire collective. En 2017, à l’occasion du cinquantième anniversaire, la commune d’Arette a organisé plusieurs journées de commémoration. Expositions, témoignages d’habitants, rencontres avec des spécialistes et présentation de simulateurs sismiques ont permis de transmettre aux jeunes générations la portée de cet événement.
Sur le plan scientifique et réglementaire, cette catastrophe a également servi à mieux appréhender les risques sismiques dans le Sud-Ouest. Jusque-là considérée comme peu exposée, la région s’est révélée vulnérable, en particulier dans sa partie montagneuse. Depuis, les normes de construction ont été renforcées, et la sensibilisation aux risques naturels s’est intensifiée.
Aujourd’hui encore, le séisme d’Arette rappelle que, même dans les zones à faible activité sismique, la Terre peut nous rappeler à l’ordre avec une force brutale. Cet événement fondateur a éveillé les consciences et façonné l’identité actuelle d’un territoire confronté à l’imprévisible.
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