Le MUGUET du 1er mai, une tradition séculaire
Chaque 1er mai, les Français perpétuent la coutume d’offrir du muguet, symbole de bonheur et de renouveau printanier. Cette pratique, bien ancrée dans la culture hexagonale, puise ses origines dans une histoire riche mêlant traditions royales, fêtes populaires et mouvements sociaux.
Bien avant que le muguet ne soit associé au 1er mai, les civilisations anciennes célébraient déjà le retour du printemps par des rites floraux. Les Romains célébraient les « Floralia » fin avril, fêtes dédiées à Flora, Déesse des fleurs, tandis que les Celtes honoraient « Beltaine » le 1er mai, marquant le passage à la saison nouvelle. Ces célébrations mettaient en avant le renouveau de la nature et la fertilité.
L’épisode royal de Charles IX
En France, la tradition d’offrir du muguet remonterait à la Renaissance. En 1560, le jeune Roi Charles IX effectue une visite dans la région du Dauphiné, en compagnie de sa mère, Catherine de Médicis. À cette occasion, un brin de muguet lui fut remis comme porte-bonheur. Touché par cette attention, il décide l’année suivante d’en faire une coutume : chaque 1er mai, il fera remettre du muguet aux dames de la cour. Ce geste de galanterie, empreint d’un esprit chevaleresque, ne sera pas formalisé par décret royal, mais connaîtra, comme vous le savez, une certaine postérité.
Le muguet et la Fête du Travail
Si le muguet est associé au 1er mai depuis la Renais-sance, son lien avec la Fête du Travail est plus récent. En 1889, c’est à l’occasion de la IIème Internationale socialiste à Paris et sous l’impulsion de Jules Guesde, fondateur du Parti ouvrier français, qu’il est décidé d'en faire une journée de manifestations. Le 1er mai 1891, les ouvriers arborent une églantine rouge, symbole du mouvement ouvrier. À Fourmies, le rassemblement tourne au drame et se termine par la mort d’une dizaine de manifestants.
C’est paradoxalement sous le régime de Vichy, en 1941, que la tradition du muguet prend une ampleur nationale. Le Maréchal Pétain, désireux de se réapproprier les symboles du 1er mai et de les détacher de leurs racines révolutionnaires, institue officiellement la « Fête du Travail et de la Concorde sociale » (en référence à la devise du Régime de Vichy « Travail, Famille, Patrie »), jour chômé et payé. L’églantine rouge est définitivement écartée, jugée trop subversive, et le muguet devient le symbole floral de cette journée. Elle disparaît à la Libération avant d’être réintroduite en 1946 et instituée définitivement comme jour férié, chômé et payé en 1948.
Une tolérance encadrée pour la vente du muguet
Le 1er mai, une certaine tolérance permet aux particuliers de vendre du muguet sur la voie publique sans autorisation préalable. Toutefois, cette pratique est encadrée par des règles strictes, souvent précisées par des arrêtés municipaux. Le muguet doit être sauvage, cueilli en forêt, et vendu en petites quantités, sans ajout d’autres fleurs ni emballage spécifique. Il est interdit d’utiliser des tables, tréteaux ou chaises pour exposer le muguet, et les vendeurs ne doivent pas s’installer à proximité des fleuristes ni gêner la circulation des piétons et des véhicules. Le non-respect de ces règles peut entraîner des amendes.
Aujourd’hui, offrir un brin de muguet le 1er mai n’est plus nécessairement associé à la Fête du Travail ou à une revendication politique. Le geste s’est popularisé comme une attention délicate, un vœu de bonheur et de chance pour ses proches. Chaque année, plusieurs dizaines de millions de brins sont cueillis et vendus en France à cette occasion. La fleur, cultivée notamment en Loire-Atlantique, fait l’objet d’une production spécifique, avec une saison courte, mais intense.