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Entreprise Économie

Être agricultrice en 2020

Elijabet Urruty à l’étable avec « ses préférées » les agnelles noires et blanches. © Charlotte Candau

Elijabet Urruty à l’étable avec « ses préférées » les agnelles noires et blanches. © Charlotte Candau

Elijabet Urruty, jeune éleveuse à la tête d’une exploitation ovine et bovine à Barcus, joli village retiré à une quinzaine de kilomètres de Mauléon-Licharre, nous invite dans son quotidien.

Pour rencontrer Elijabet, il faut s’aventurer vers des terres isolées de l’arrière-pays basque. Une route sinueuse jusqu’à Barcus, village de la Soule à la limite du Béarn. Les paysages mélancoliques de l’hiver sont, à cette période, rehaussés par des collines encore verdoyantes. Au détour d’un virage, d’une trouée, il est possible d’apercevoir les Pyrénées enneigées. C’est dans ce cadre de travail que se trouve la famille Urruty, depuis quatre générations.

Une activité rude et prenante

Une activité rude et prenante

De longues journées dédiées aux animaux

L’éleveuse s’occupe généralement plus de la partie ovine. Son quotidien diffère grandement entre la saison hivernale et estivale. En ces mois d’hiver, les jours sont rythmés par la traite du matin (7h) et celle du soir (19h). Entre-temps il faut nourrir les brebis 3 à 4 fois par jour, les sortir, s’occuper des jeunes agnelles, nettoyer les étables ou encore surveiller les naissances qui se produisent de novembre à avril. Elijabet fournit du lait pour les producteurs de fromage de brebis AOC Ossau Iraty. Le cahier des charges est important, toute la chaîne est contrôlée. Sa production n’est pas considérée comme bio mais les animaux, bénéficient d’une alimentation autonome et locale. Le maïs récolté sur les terres permet ainsi de nourrir les pensionnaires de la ferme.

L’été : la saison des libertés

À la fin du printemps, la production de lait des brebis se tarit. Les bêtes profitent de l’extérieur, fin juin, début juillet, l’éleveuse réalise la transhumance annuelle et déplace 200 têtes vers l’estive du Port de Larrau. Le voyage de 45 kilomètres se réalise en camion pour la montée et à la marche pour la descente, fin septembre.

L’agricultrice voit cette période comme celle de l’affranchissement. Tout d’abord, celle des limites de la ferme, mais aussi parfois du poids du travail familial et ancestral. Elle aime cette vie isolée dans son kayolar, entourée de ses brebis et de son chien Beltxa qui la protège et ne la quitte pas. L’électricité depuis peu, pas de réseau téléphonique, Elijabet vit durant quelques semaines en autarcie, bien loin de la vie des jeunes femmes de son âge. Maman de deux jeunes enfants, elle ne peut s’absenter pendant les 3 mois. La communauté agricole est solidaire et la surveillance des ovins de différents cheptels est réalisée par tours de garde à 3 éleveurs. À la fin de l’estive, de retour à la ferme, c’est le temps de la préparation à l’agnelage, l’automne et l’hiver reprennent leur droit.

Elijabet Urruty représente aujourd'hui une minorité, celle de ces femmes (malgré tout de plus en plus nombreuses), qui ont le courage de reprendre l’exploitation paternelle, gérer leurs vies de famille, tout en sauvegardant un patrimoine et des gestes ancestraux. Malgré la rudesse de son activité, l’agricultrice ne se voit pas aujourd’hui ailleurs, dans ce bout de Barcus, dans ces terres dont on parle peu, elle a trouvé sa place.