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Entreprise Économie

Priorité à la sécurité des salariés

Pampi Duhalde, Président de la CAPEB Pays Basque. © Yannick Revel

Pampi Duhalde, Président de la CAPEB Pays Basque. © Yannick Revel

La crise du Covid-19 risque de durer. Si les artisans du bâtiment aimeraient reprendre le travail, beaucoup de questions restent en suspens. Pour comprendre la situation, nous avons interrogé Pampi Duhalde, Président de la CAPEB Pays Basque. Entre deux coups de fils pour gérer son entreprise, le charpentier de métier a répondu à nos questions non sans avoir en préambule, une pensée émue pour les personnels soignants.

Quand le bâtiment va tout va, dit le dicton. Comment va le bâtiment aujourd’hui ?

Pampi Duhalde : Le bâtiment est inquiet. La plupart des artisans se sont arrêtés après le mot d’ordre du gouvernement. Nous avons atteint presque à 90 % des chantiers arrêtés. Aujourd’hui les chefs d’entreprise sont partagés entre inquiétude et espérance. Car la plupart avaient du travail avant la crise et j’espère que nous retrouverons ce rythme de croisière.

Les artisans ont-ils repris le chemin des chantiers ?

P.D. : Pour certains oui. D’ailleurs, des fournisseurs de matériaux ont de nouveau ouvert leurs portes. Ceci est un premier indice car si nous avons accès aux matériels et fournitures, nous pouvons travailler. Mais les entreprises restent dans l’interrogation par rapport à leurs salariés et aux conditions de travail et de sécurité. Car au final, c’est toujours le chef d’entreprise qui est tenu pour responsable.

Estimez-vous que les artisans et leurs salariés soient suffisamment protégés aujourd’hui sur les chantiers ?

P.D. : L’ensemble du secteur du bâtiment a attendu un cadre que nous avons désormais avec un guide pratique qui permet d’améliorer le démarrage du chantier. Mais à vrai dire si on suit tous les points, peu de chantiers demeurent accessibles. On est entre deux eaux ; soit personne ne démarre ou soit tout le monde reprend les chantiers, ce qui pose une question en matière de responsabilité. En effet, en cas de problème, la responsabilité sera-t-elle diluée entre l’ensemble des acteurs ; client, maître d’oeuvre, maître d’ouvrage ou chef d’entreprise ?

Ce guide des bonnes pratiques vous est-il vraiment utile ?

P.D. : Il apporte quelques réponses mais il permet surtout de se poser les bonnes questions. Chaque chef d’entreprise doit faire l’examen de son entreprise et se demander si toutes les conditions sont réunies pour réaliser le chantier. Pour cela, il questionne ses salariés et ses clients afin de prendre la décision de reprise du travail. Mais après avoir discuté avec nombre d’entre eux, leur priorité est la sécurité de leurs salariés. Pour eux c’est clair, s’il y a trop de risques, ils ne démarrent pas.

Les entreprises du bâtiment ont-elles suffisamment de trésorerie pour tenir le cap ?

P.D. : Avant cette crise le bâtiment allait mieux, les entreprises avaient un carnet de commandes remplis de trois à six mois à l’avance, certaines même sur une année. Elles ont même réussi à améliorer leurs marges ces derniers temps avec des prix à la hausse. Mais la base de la trésorerie reste mince, de quelques semaines à quelques mois tout au plus. Nous avons d’ailleurs réalisé un sondage auprès des artisans du département, ceux-ci déclarent pouvoir tenir deux ou trois mois en termes de trésorerie. Globalement les entreprises sont saines mais on sait bien que toutes ne passeront pas le cap.

Certaines entreprises du bâtiment sont-elles actuellement en grande difficulté ?

P.D. : Les dispositions mises en place par le gouvernement sont de bon augure pour les artisans qui sauront les mettre en place. En revanche, c’est plus compliqué pour ceux qui avaient des résultats négatifs auparavant. Certaines entreprises sont en difficulté mais les chefs d’entreprise ne l’expriment pas forcément. Les artisans n’ont pas l’habitude de se manifester pour demander de l’aide. Notre rôle est alors de les contacter pour faire le point sur leur situation et les accompagner au mieux.

Êtes-vous plutôt optimiste pour la sortie de crise ?

P.D. : J’ai toujours tendance à être optimiste. Nous devons tirer une leçon de cette crise et se tenir prêts pour le redémarrage de nos activités avec nos salariés et pour nos clients.