QUI sont-ils ? Épisode 17
Ils ont donné leur nom à une avenue, une rue, ou un lieu de notre territoire. Des noms qui nous sont devenus familiers au fil du temps, mais dont nous ignorons tout ou presque. Partons à la découverte de ces hommes au parcours souvent hors du commun. Épisode 17.
Daniel Argote
Un collège porte son nom depuis 1995 à Orthez, ainsi qu’une rue dans sa ville natale. Né à Bayonne en 1910, et fils d’un menuisier du quartier Saint-Esprit, Daniel Argote entre en 1927 à l’École normale de Lescar. Il occupe plusieurs postes à Sare, Banca et Saint Martin d’Arrossa. Bien plus qu’un simple instituteur, cet humaniste engagé milite pour la mixité dans les écoles et s’illustre dès les années 30 en accueillant des enfants réfugiés de la Guerre d’Espagne. Franc-maçon, membre actif des loges La Zélée et Spartacus, il conjugue convictions sociales et actions concrètes. Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, il reprend son poste à Sallespisse en 1941, sur la ligne de démarcation. Là, il entre en résistance, fabriquant de faux papiers, distribuant tickets d’alimentation et aidant les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO), réquisitionnés contre leur gré pour partir en Allemagne. En 1943, il prend la tête de l’Armée secrète d’Orthez, coordonne les parachutages, transmet avec Londres, et exfiltre des déserteurs polonais. Le 10 août 1944, alors qu’il tente de faire passer un groupe de soldats, il tombe dans une embuscade allemande et est abattu. Son corps, exposé par l’occupant, est inhumé le lendemain par ses compagnons résistants. Daniel Argote laisse l’image d’un homme courageux, fidèle à ses valeurs jusqu’au sacrifice.
Auguste Champetier de Ribes
Un boulevard lui rend hommage à Pau. Né en 1882 à Antony (Hauts-de-Seine), Auguste Champetier de Ribes fut un homme politique engagé, marqué par la foi catholique sociale et l’héritage d’Albert de Mun. Blessé à deux reprises pendant la Première Guerre mondiale, il en sort Chevalier de la Légion d’honneur. Député des Basses-Pyrénées dès 1924, puis Sénateur à partir de 1934, il occupe plusieurs fonctions ministérielles sous la IIIe République. Résolument républicain, il s’oppose à Philippe Pétain en 1940, aux côtés notamment de Jean Mendiondou. Résistant, il soutient le Général de Gaulle et siège à l’Assemblée consultative à la Libération. En 1946, il représente la France au procès de Nuremberg en tant que Procureur. La même année, il est élu Président du Conseil de la République. Candidat malheureux à la Présidence de la République, battu par Vincent Auriol, il décède peu après, en mars 1947 à Paris, sans avoir pu réellement exercer sa dernière fonction. Ses obsèques nationales, célébrées à Notre-Dame de Paris, saluent un parcours d'engagement républicain et humaniste.
Louis-Édouard Cestac
Un chemin et une bibliothèque à Bayonne, une allée et une institution à Anglet, sont baptisés de son patronyme. Né rue Mayou (aujourd’hui rue d’Espagne) à Bayonne en 1801, Louis-Édouard Cestac est le fils du chirurgien de la ville et des prisons. Il est ordonné prêtre en 1825. Vicaire à la Cathédrale de Bayonne dès 1831, il est bouleversé par la misère des jeunes filles des rues. En 1836, il ouvre un foyer pour orphelines, puis, en 1838, il crée à Anglet le domaine de Notre-Dame du Refuge, accueillant des femmes en difficulté et leur offrant éducation, travail et dignité. En 1842, il fonde la Congrégation des Servantes de Marie, avec l’aide de sa soeur Élise. Il développe également une branche contemplative, les Bernardines, et envoie les religieuses enseigner dans les campagnes. L’abbé Cestac innove jusque dans l’agriculture, transformant son domaine en modèle de développement rural. Reconnu pour son action sociale et éducative, il reçoit la Légion d’honneur en 1865 et meurt trois ans plus tard à Anglet. Le Pape François reconnaît un miracle en 2014, ouvrant la voie à sa béatification, célébrée à Bayonne en 2015. Le « bienheureux Louis-Édouard Cestac » est fêté chaque 27 mars.
Jean Mendiondou
Une rue oloronaise porte son nom. Né en 1885 à Oloron- Sainte-Marie, Jean Mendiondou s’inscrit dans une lignée de juristes et d’élus locaux. Après des études de droit et un passage par le ministère de la Justice, il rejoint à plusieurs reprises les Cabinets de Louis Barthou. Sa carrière connaît un revers en 1926, lorsqu’il est impliqué – puis blanchi – dans une affaire de naturalisations frauduleuses. Revenu dans son Béarn natal, il entame une carrière politique locale. Maire d’Oloron en 1935, puis député radical indépendant en 1936, il s’engage notamment pour l’aide sociale et l’accueil des réfugiés espagnols. Il fait partie des 80 parlementaires qui refusent les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940. Écarté par le régime de Vichy, il participe à des réseaux de passage vers l’Espagne durant l’Occupation. À la Libération, il retrouve brièvement des fonctions politiques, mais enchaîne ensuite les échecs électoraux, jusqu’à sa retraite politique en 1953. Il meurt à Biarritz en 1961 et repose au cimetière Sainte- Croix d’Oloron. Fidèle à ses convictions républicaines, Jean Mendiondou incarne l’engagement local et la résilience politique dans une période tourmentée de l’histoire française.
