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Vie locale

Qui sont-ils ? Épisode 16

© Archives LPA

Ils ont donné leur nom à une avenue, une rue, ou un lieu de notre territoire. Des noms qui nous sont devenus familiers au fil du temps, mais dont nous ignorons tout ou presque. Partons à la découverte de ces hommes au parcours souvent hors du commun. 

Jean-Bernard Jauréguiberry© DR

L’ancien quai des Basques à Bayonne, qui accueillait les embarcations venues de la Nive, porte son nom.

Né à Bayonne en 1815, fils de capitaine et corsaire, Jean Jauréguiberry dit Bernard Jauréguiberry entre dans la Marine à 16 ans. Sa carrière est celle d’un officier brillant et courageux : il combat en Afrique, en Amérique du Sud, en Crimée, en Chine et Cochinchine (région historique au sud de l'actuel Vietnam), où il se distingue par son sens du commandement. Gouverneur du Sénégal de 1861 à 1863, il mène une politique d’expansion coloniale. Vice-amiral en 1870, il s’illustre dans la guerre contre la Prusse, avant de devenir Préfet maritime puis Sénateur. Deux fois ministre de la Marine sous la IIIe République, il contribue à la modernisation de la flotte et défend une ligne politique modérée. Républicain protestant, attaché à l’ordre et à la discipline, il s’oppose à l’expulsion des princes et intervient sur les questions coloniales au Tonkin. Décédé à Paris en 1887 à l’âge de 72 ans, il est enterré au temple protestant de l’Oratoire du Louvre. Son nom reste associé à deux navires de guerre, notamment un escorteur qui servit de cadre au fameux film « Le Crabe-Tambour », et au Palais Omnisports de Toulon inauguré en 2006.

Comte de Tréville© DR

Des allées lui rendent honneur dans sa ville natale, ainsi que plusieurs lieux, notamment à Angers ou Dijon.

Né en 1598 à Oloron-Sainte-Marie, Jean-Armand du Peyrer, dit Comte de Tréville, est l’un des plus célèbres officiers de Louis XIII. Fils d’un marchand devenu noble grâce à l’achat du domaine souletin de Trois- Villes, il renonce au commerce pour embrasser la carrière militaire à 17 ans. Il entre chez les Gardes françaises, puis devient mousquetaire. Remarqué pour son courage au siège de La Rochelle, il gagne la confiance du roi et devient, en 1634, Capitaine des Mousquetaires du Roi. Ses recrues, dont les modèles d’Athos, Porthos et Aramis, sont notamment issues de son entourage. Fidèle à Louis XIII, il s’oppose à Richelieu puis à Mazarin, ce qui lui vaut l’exil, puis la perte de sa charge. Rappelé en 1642, il poursuit un temps sa carrière avant de se retirer en Soule. Il y construit en 1660 à Trois-Villes le Château Elizabea, où il meurt en 1672. Modèle du Comte de Tréville dans Les Trois Mousquetaires de Dumas, il reste une figure emblématique de l’honneur et du panache.

Pierre de Marca 

Une rue est baptisée de son patronyme dans sa commune natale.

Né à Gan en 1594, Pierre de Marca est une figure marquante du XVIIe siècle, à la croisée de la politique, de la justice et de l’Église. Juriste de formation, il gravit les échelons du pouvoir en Béarn et en Navarre, devenant Président du parlement local puis maître des requêtes. Devenu veuf, il renonce au droit pour l’Église et entame une carrière ecclésiastique brillante. Évêque de Couserans, puis Archevêque de Toulouse, il est missionné par Louis XIV pour formaliser la frontière franco-espagnole. En 1660, il participe ainsi à la conférence de Céret (Pyrénées-Orientales), dont le procès-verbal, rédigé par son secrétaire Étienne Baluze, reste un document clé. Son œuvre majeure, Marca Hispanica, publiée à titre posthume en 1668, rassemble des archives aujourd’hui perdues, offrant une source inestimable sur l’histoire de la Catalogne et du Roussillon. Nommé Archevêque de Paris en 1662, il meurt avant d’entrer en fonction. Homme de savoir et d’action, Pierre de Marca reste un témoin précieux de l’histoire religieuse et politique du Grand Siècle.

Pierre de Chevigné 

Une rue porte son nom à Biarritz.

Né en 1909 à Toulon, Pierre Gabriel Adhéaume de Chevigné incarne une figure marquante de la Résistance et de la IVe République. Issu d’une lignée aristocratique, il sort de Saint-Cyr en 1929 avant de servir dans l’infanterie. Mobilisé en 1939, il est grièvement blessé à plusieurs reprises. Évacué à l’Hôpital militaire de Dax, il rejoint ensuite, depuis Saint Jean de Luz, l’Angleterre en juin 1940 pour continuer la lutte. Engagé dans la France libre, il commande le 1er Bataillon d'Infanterie de Marine, combat au Levant, puis devient chef de mission militaire à Washington. En 1944, il débarque en Normandie et dirige les opérations de la tête de pont de Bayeux. Après la guerre, il poursuit une carrière politique : Maire de la commune béarnaise d’Abitain comme son père, Député MRP des Basses- Pyrénées, Conseiller général du Canton de Sauveterre de Béarn, Haut-commissaire à Madagascar, puis ministre de la Défense en mai 1958, et Président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1964 à 1976. Homme de devoir, Compagnon de la Libération, il a marqué aussi bien les champs de bataille que la vie politique française. Décédé en 2004 à Biarritz, il repose au cimetière d’Abitain.