Imprimer la page
Vie locale

Pays Basque - Béarn : L’essor des ÉPICERIES participatives et coopératives

© Jérôme Rommé - stock.adobe.com

Introduites en France en 2016 avec la première du genre à Paris (La Louve), les épiceries participatives et coopératives bourgeonnent sur le territoire, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques. Tour d’horizon d’un concept prônant une autre manière de consommer.

D’après Le Mouvement des Épis qui fédère le réseau des épiceries participatives de France, plus de 400 épiceries émaillent le territoire. Les Pyrénées-Atlantiques peuvent  se targuer d’en recenser une quinzaine, dont certaines bien installées depuis quelques années, preuve d’un engouement pérenne. Qu’elles prennent la forme d’association ou de Société Coopérative d’Intérêt Collectif, toutes sont gérées bénévolement par leurs membres qui partagent un même idéal : la reprise en main collective de la distribution alimentaire afin de consommer de manière plus responsable. Hélène, adhérente depuis 5 ans à Larrunkoop (Ciboure), fait partie de ceux-là. 

Proposer un autre mode de consommation 

Pour Hélène, rejoindre ce type d’épicerie s’est posé comme une évidence : « c’est hyper important de favoriser l’agriculture locale, de ne pas dépendre des chaînes de supermarché qui pressent les producteurs avec des marges énormes ». Elle évoque un meilleur pouvoir d’achat grâce aux prix accessibles des produits, ainsi qu’une consommation plus écologique. Proposer une alternative à la grande distribution est l’un des objectifs de ces épiceries. Leur credo est de permettre une consommation plus responsable et à juste prix, en proposant un maximum de produits issus de circuits courts, locaux et de qualité, à moindre impact environnemental. Les denrées présentes sur les rayonnages sont le fruit de décisions prises à travers un processus démocratique afin de répondre aux attentes alimentaires des membres. Si l’accent est mis sur les produits bio et/ou locaux, les épiceries proposent également des produits plus conventionnels. Le choix du vrac est privilégié afin de limiter les emballages et ainsi réduire les déchets. Les épiceries peuvent proposer des prix raisonnables, « inférieurs à certains magasins bio ou même à des grandes chaînes » constate Hélène, grâce au mode de gestion 
bénévole et aux faibles marges appliquées qui ne servent qu’à financer le bon fonctionnement de l’épicerie. L’objectif est d’assurer une rémunération décente aux producteurs, tout en garantissant des prix accessibles aux membres sur l’ensemble des produits proposés (fruits et légumes, produits frais, épicerie sèche, boissons, produits d’entretien, etc.).

L’engagement au cœur de la démarche

Afin de pouvoir effectuer ses courses au sein d’une épicerie coopérative et participative, il est nécessaire d’en devenir membre. Si les formules et cotisations peuvent varier d’une épicerie à l’autre et selon les revenus personnels, le modèle reste le même : un droit d’entrée est à payer, sous forme d’adhésion ou de part sociale, et une participation bénévole à la vie de l’épicerie est demandée (3 h par mois en général). Sur un créneau choisi de 3 h, chacun participe de manière volontaire aux différentes tâches inhérentes à tout magasin : réception des produits, réassort, mise en rayon, vente, nettoyage. À cela, peut s’ajouter la participation à des groupes de travail (achat, comptabilité, communication, etc.) qui sont essentiels pour le fonctionnement de l’épicerie et sa pérennité économique. Ainsi, c’est grâce au temps accordé par les adhérents à leur épicerie que ce modèle alternatif à la grande distribution peut être offert. Pour Hélène, il est impératif « de jouer le jeu et que les gens s’impliquent comme si c’était leur entreprise ». De plus, elle souligne « l’importance de respecter la voix de tous, même si ce n’est pas toujours simple ». En effet, les visions peuvent différer, de même que les exigences sur les critères des produits proposés (bio, local, sans plastique). Pour elle, le dialogue entre les membres est décisif dans le bon fonctionnement de l’épicerie : « celui-ci peut être questionné ou revu dans des détails afin de satisfaire un maximum de gens et de s’assurer qu’ils restent ». 
Ces éléments sont évoqués lors des assemblées générales, ainsi qu'au quotidien à travers les échanges et temps de partage au sein de l’épicerie.

Un projet collectif humain

Car au-delà d’encourager un autre modèle de consommation, ces épiceries sont des lieux de convivialité et de partage, plaçant le collectif et l’humain au cœur du projet. Elles ont vocation à tisser du lien social. Hélène plébiscite cette démarche permettant, à travers les moments passés à l’épicerie, de développer de vrais liens avec les autres membres. Mais, ce qu’elle apprécie le plus, c’est d’être partie prenante d’une communauté où règne l’entraide et la solidarité : « on va se prêter des choses, s’en donner d’autres ». Cela va au-delà de l’épicerie, créant un vrai réseau avec une forte connivence. Les épiceries proposent des évènements (cafés, ateliers, conférences, etc.) et des rencontres pour fédérer leurs membres et créer des liens avec les producteurs les approvisionnant, ainsi qu'avec les habitants des quartiers environnants et les structures locales partenaires. Une démarche qui redynamise la vie dans certains villages et permet le déploiement d’une économie locale et solidaire.

Un essaimage grandissant au Pays Basque et en Béarn

Dans le 64, la première épicerie participative, Otsokop, voit le jour à Bayonne en 2017. Elle compte à ce jour plus de 500 coopérateurs. En 2019, c’est l’épicerie Larrunkoop qui ouvre ses portes à Urrugne, suivie par celle d’Hendaye : Hendaiakoop. En 2020, la petite sœur de Larrunkoop, Larrunkoop 2 s’installe à Ciboure avec ses 150 foyers adhérents. Deux autres épiceries émergent cette même année : Arruntzakoop à Ustaritz avec ses 120 familles et Coop O’Loco à 
Buros, qui met à l’honneur les produits collectés auprès des producteurs béarnais. En 2022, inspirée par la démarche vertueuse de ses voisines, 
Olakoop s’implante à Guéthary. Le Béarn n’est pas en reste, deux épiceries participatives ouvrent en 2024 : Laà Boca à Laà-Mondrans, ainsi qu’une autre à Castillon d’Arthez. Récemment, en mars 2025, Épi c’est tout a pris ses quartiers à Borce. Il est fort à parier, à l’image de celle en projet à Buzy, que d’autres épiceries s’inscriront dans les traces de leurs aînées. 