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Vie locale

Les trésors du Musée BONNAT-HELLEU à redécouvrir (2ème partie)

© Musee Bonnat-Helleu, Ville de Bayonne / A.Vaquero

Après un premier voyage en compagnie de Goya, Dürer ou El Greco, poursuivons l’exploration avec cinq autres chefs-d’œuvre, aussi divers que bouleversants, emblématiques de la richesse et de l’humanisme du Musée bayonnais.

Paul Helleu 

Portrait de profil de la duchesse de Marlborough (vers 1898)

Paul César Helleu, né en 1859 à Vannes, fut l’un des portraitistes mondains les plus prisés de la Belle Époque. Graveur virtuose, il capte l'élégance comme peu d'autres.
Ce portrait à la pointe sèche, d’une grâce éthérée, représente Consuelo Vanderbilt, Duchesse de Marlborough, profil altier, chevelure savamment relevée. Le tracé est aérien, presque insaisissable. Aucun détail superflu : tout réside dans la courbe, la tension du cou, le port de tête. 
Helleu ne peint pas seulement un visage, il révèle une époque, un idéal de beauté. Ce chef-d’œuvre nous plonge dans une société suspendue entre raffinement et fin de siècle.

Bon Boullogne 

Le Christ guérissant le paralytique à la piscine de Béthesda (vers 1690)

Fils du célèbre Louis Boullogne, Bon Boullogne (1649-1717) fut un peintre religieux estimé sous Louis XIV, mêlant tradition française et sensibilité italienne.
La scène biblique est saisie dans un moment d’intense humanité : le Christ, auréolé d’une lumière douce, s’approche du paralytique couché au bord de la piscine. Les corps, les regards, les gestes, tout converge vers cet instant suspendu où le miracle devient tangible. La composition rigoureuse, les couleurs feutrées, traduisent une piété sobre, mais vibrante. 
Loin de tout excès, Boullogne met la compassion au centre. C’est la tendresse divine qui irradie de cette toile.

Niccolò Bambini

La Sophonisbe (vers 1680)

Peintre vénitien du 17e siècle, Niccolò Bambini, influencé par Véronèse puis par le baroque romain, s’attache aux grands sujets historiques et tragiques.
La Sophonisbe qu’il représente est une figure de l’histoire antique : noble carthaginoise, elle choisit le suicide plutôt que l’humiliation romaine. Bambini en donne une version poignante. Drapée de soie, les yeux déjà absents, elle tient la coupe fatale. Le clair-obscur dramatise la scène, entre théâtre et recueillement. La peinture devient oraison funèbre. 
Ce tableau saisissant incarne la dignité dans l’adversité, un thème que le Musée de Bayonne aborde ici avec toute sa force tragique.

Tony Robert-Fleury 

Charlotte Corday à Caen – 1793 (1875)

Historien de la peinture et académicien, Tony Robert-Fleury (1837–1911) affectionne les épisodes révolutionnaires, qu’il traite avec une rare rigueur narrative.
Ici, il choisit de représenter Charlotte Corday avant l’assassinat de Marat. Nous sommes à Caen, en 1793. La jeune femme, seule dans une chambre austère, rédige sa lettre d’adieu. Lumière crue, atmosphère tendue. L’héroïne républicaine, à la fois déterminée et mélancolique, se dresse dans sa solitude tragique. Ce tableau, plus psychologique que spectaculaire, dépeint le basculement silencieux de l’histoire. Le Musée détient là une œuvre à la fois intime et politique, d’une force troublante.

Simon Vouet 

La Charité romaine (vers 1630)

Grand maître du baroque français, Simon Vouet (1590–1649) ramène de Rome une science de la lumière et du mouvement qu’il adapte à la sensibilité française.
La Charité romaine est un sujet rare et bouleversant : une jeune femme allaite en secret son père, condamné à mourir de faim en prison. Vouet sublime cette scène taboue avec une tendresse presque sacrée. Drapés fluides, gestes retenus, lumière dorée : tout participe à la mise en scène de cet amour filial extrême. Plus qu’une scène morale, c’est une ode à la générosité, à la transmission vitale. Un tableau d’une beauté dérangeante, d’une intensité émotionnelle unique.

Une collection, mille vies, un musée à redécouvrir

Cette deuxième sélection confirme la richesse inouïe du Musée Bonnat-Helleu. Portraits, scènes historiques, mystiques ou intimes, chaque œuvre raconte une histoire, éclaire une facette de l’humanité. À Bayonne, l’art n’est pas seulement conservé, il vit, il palpite, prêt à rencontrer à nouveau ceux qui le cherchent.