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Vie locale

GUÉTHARY, de vagues en vagues

© SG

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Plus petit village de la Côte Basque, Guéthary n’en demeure pas moins un magnifique condensé de l’histoire locale et peut s’enorgueillir de posséder un patrimoine exceptionnel. Son office de tourisme propose, durant toute la saison estivale, une visite commentée pour découvrir tous les liens qui rattachent le village à l’océan.

Aux origines de Cetaria

Dès le premier siècle après Jésus-Christ, les Romains construisent dans cette zone une « usine » de garum, le condiment romain par excellence, fait de chairs ou de viscères de poisson, voire d’huîtres, ayant fermentées longtemps dans une forte quantité de sel. De là provient le nom originel du village, cetaria signifiant littéralement « lieu de salaison ». Il se développe ensuite au fil des siècles, dans l’ombre de Bidart dont il est un quartier. Il faut attendre 1633 pour qu’il obtienne son indépendance, même si le lieu était déjà constitué en paroisse depuis la construction de l’église au 16ème siècle.

Le Pays Basque sinon rien

Situé dans la province du Labourd, Guéthary, ou Getaria en euskara, revendique haut et fort son appartenance au Pays Basque. Aujourd’hui, le village côtier aime cultiver son art de vivre autour de trois spécialités, la pelote, la pêche et le surf. Le fronton d’origine, datant des années 1860, se trouvait sur le tracé de l’actuelle voie ferrée. Lors de la construction de cette dernière, il est déplacé, puis rehaussé en 1910 afin de pouvoir y pratiquer la grande chistera, l’une des 22 spécialités de la pelote basque. Si ce sport typiquement basque est pratiqué depuis de nombreux siècles, les Romains jouaient déjà à la pila.

De son côté, la mairie a été érigée dans les années 1920, dans le plus pur style néobasque. Son architecture est directement inspirée des grands corps de fermes de l’intérieur des terres. Comme sur toutes les mairies de la région, les drapeaux français et européen y côtoient le drapeau basque.

La pêche comme meilleure amie

Parce que les eaux du Golfe de Gascogne sont plus chaudes en hiver, les baleines n’hésitent pas à se rapprocher des côtes pour donner naissance aux baleineaux, favorisant ainsi leur chasse. L’atalaye de Bidart, littéralement « tour de vigie », accolée à Guéthary, est sans doute le vestige le plus visible de cette activité ancestrale du village. Au Moyen-Âge, elle rend même les marins basques célèbres dans le monde entier. Les risques sont grands, mais la perspective de gains plus importants l’emporte aisément. Si la chair de la baleine est particulièrement prisée, sa graisse l’est encore plus. L’économie locale en profite largement pendant de nombreux siècles, jusqu’à ce que l’animal change sa trajectoire, obligeant les marins à la pourchasser sur les côtes canadiennes. Le 17ème siècle marque ainsi l’âge d’or de la pêche à la baleine au Pays Basque, même si tout s’effondre 100 ans plus tard avec la perte des droits de pêche de la France au Canada. Les marins locaux se tournent alors vers une pêche plus traditionnelle, proche des côtes. C’est ainsi que thon, merlu, chipiron et sardine reviennent sur le devant de la scène, tandis qu’au 19ème siècle, un port à cale sèche, caractérisé par son plan incliné et son cabestan haut, montre bien le dynamisme des pêcheurs gétariars. L’apogée du port demeure sans doute les années 1920 durant lesquelles chaque pêcheur ramenait quotidiennement entre 15 et 20 langoustes (aujourd’hui cela correspond au quota annuel pour une seule embarcation). Actuellement, la pêche à Guéthary se pratique uniquement pour le loisir.

Pour l’amour du surf… et de la détente

L’arrivée du chemin de fer favorise le développement du tourisme balnéaire. Casino, grand hôtel, établissement des bains font alors leur apparition sur la Côte et Guéthary n’échappe pas au phénomène. Un trio architectural exceptionnel, de style Art déco, est construit entre 1925 et 1927, pour répondre à cette nouvelle activité.

Quant à la renommée actuelle du village, elle lui vient très certainement du surf, et plus particulièrement des trois vagues au large de ses côtes.

La vague de Parlementia, qui nait à Guéthary et meurt à Bidart, peut atteindre une hauteur de 5 mètres. Sa formation en continu est due aux fonds rocheux, mais elle se mérite et seuls les surfeurs les plus aguerris peuvent l’affronter puisqu’elle demande 20 minutes de rames depuis le port. La vague des Alcyons, qui peut monter jusqu’à 4 mètres de haut, tire son nom de l’oiseau mythique, signe de bon présage en mer. La vague Avalanche est la plus haute au large du village atteignant régulièrement les 7 mètres de haut et s’imposant comme un spot exclusivement réservé aux spécialistes du gros surf.

Aujourd’hui, le surf est bel et bien le premier attrait économique du village et ce succès venu d’Hawaï dans les années 1950 ne s’est depuis jamais démenti, montrant bien que Guéthary est étroitement lié à l’océan pour l’éternité.