Bayonne Saint‑Esprit, ARCHITECTURE et MÉMOIRE urbaine
À première vue, le quartier Saint-Esprit ne semble pas appartenir pleinement à Bayonne. Situé sur la rive droite de l’Adour, au nord du centre historique, séparé par le fleuve et la voie ferrée, il déploie une trame urbaine autonome, presque insulaire. Pourtant, cet espace constitue une pièce essentielle de la fabrique bayonnaise, tant par son évolution morphologique que par la densité de ses strates historiques. Marqué tour à tour par les guerres, les exils, l’essor industriel et les politiques militaires, Saint-Esprit porte en lui une mémoire urbaine complexe, inscrite dans la pierre de ses bâtiments et dans le dessin de ses rues.
Aux origines : hôpital, pèlerinage et suburbium
Le nom du quartier remonte au 12e siècle, avec la fondation d’un hôpital dédié au Saint-Esprit par les chevaliers hospitaliers du même nom. Situé sur la Route de Compostelle, ce lieu d’accueil pour pèlerins et malades est à l’origine du noyau urbain qui se développera autour. Les premiers habitants sont donc des moines. Jusqu’au 18e siècle, Saint-Esprit reste un faubourg ecclésiastique et commercial rattaché à la commune de Saint-Esprit-lès-Bayonne, juridiquement distincte de Bayonne, avec son propre port sur l’Adour.
L’installation d’une importante communauté juive fuyant l’Inquisition ibérique à partir du 16e siècle vient renforcer ce dynamisme : synagogues, écoles, commerces enrichissent alors un tissu urbain dense, où la mixité culturelle se reflète dans l’organisation même des îlots. Les maisons étroites à étages, en schiste ou galets, s’alignent sur des rues étroites comme la rue Maubec, encore marquée par cette mémoire crypto-juive. La synagogue sera édifiée bien plus tard, en 1836, par l’architecte bayonnais Edmond Faulat.
L’empreinte militaire : citadelle et casernements
Dès 1680, Vauban ordonne la construction d’une citadelle sur les hauteurs, face au Château Vieux, dans une logique de défense croisée de l’Adour. Ce vaste complexe polygonal, toujours en usage aujourd’hui, constitue l’un des derniers grands ensembles militaires bastionnés de la façade atlantique. À son pied, le quartier est alors redessiné selon un...
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