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Vie locale

Avec IBILKI & KO, des draisiennes vraiment locales

Frédérique Lasquibar, avec les quatre fondateurs d’Ibilki & Ko © Ibilki & Ko

Née d’une amitié et d’un rêve partagé, la société bayonnaise Ibilki & Ko s’est lancée dans un défi audacieux : concevoir et fabriquer des vélos et draisiennes réellement produits au Pays Basque.

Avec le boom du vélo électrique durant la période Covid, les acteurs se sont multipliés sur le marché. De nombreuses marques françaises sont apparues, arborant fièrement le drapeau tricolore. Pourtant, à y regarder de plus près, bien souvent, seul l’assemblage est réellement réalisé en Hexagone, tandis que les différentes composantes sont importées d’Asie ou d’Europe. À contre-courant de cette logique, les associés d’Ibilki & Ko relèvent le pari, un peu fou, de fabriquer localement des vélos et des draisiennes.

« Nous souhaitons participer à la réindustrialisation du pays, en faisant le plus de choses possible sur notre territoire », énonce Frédérique Lasquibar, chargée de projet de la société créée à la fin de l’année 2022. À l’origine de l’aventure, quatre amis d’enfance : Laurent Gaboriaud, Thierry Lacaze, Laurent Lasquibar et Christian Mabillet. « Passionné de vélo, Laurent Gaboriaud rêvait d’en créer un fabriqué au Pays Basque », se souvient la représentante de l’entreprise. Il fédère alors ses trois amis, puis le cercle amical et familial. Aujourd’hui, une grande famille de 28 associés compose l’actionnariat d’Ibilki & Ko. Ensemble, en attendant de créer le vélo de leurs rêves, ils ont inventé une draisienne nommée Orekleta, fusion des mots oreka (équilibre) et bizikleta (bicyclette).

Des savoir-faire locaux

Fidèle à ses convictions, la bande installée dans un local de la zone Atchinetche à Bayonne assemble des pièces provenant du territoire. Dans le monde du vélo, la quasi-totalité des cadres viennent de Chine ou de Taïwan. Pas chez Ibilki & Ko. « Le cadre est fabriqué par l’entreprise Darraidou, installée à Saint-Martin-de-Seignanx, le jeu de direction est français, tout comme les rayons », détaille Frédérique Lasquibar. Seuls les pneus (Taïwan) et les jantes (Allemagne) affichent une provenance étrangère.
Pour compléter le design d’une draisienne très stylisée, une pala de chez Alza (Bayonne) sert de support à la selle posée par Erro, la maroquinerie d’Itxassou, qui fournit également les bandelettes constituant les poignées du guidon.

Un choix esthétique et politique

L’attention portée aux matériaux et aux lignes débouche sur un produit unique. « Quand on le présente, les gens sont marqués par son esthétique », souligne la responsable de projet. Un aspect qui n’a pas échappé à la toute première cliente : « Notre première vente a été réalisée pour une décoration dans le salon d’un appartement », se remémore-t-elle.
Désormais, la draisienne est disponible en précommande sur le site Internet de l’entreprise. « Nous n’avons pas encore de réseau de distribution; pour le moment, la draisienne n’est visible que dans le magasin Ciel, à Bayonne ». Mais si Ibilki & Ko aimerait être plus présente dans les points de vente, l’entreprise ne peut se permettre pour l’instant de vendre via des intermédiaires. Le fabriqué local a un certain coût. « Nous ne faisons pas de marge mais c'est un choix politique pour nous, celui d'acheter plus cher mais local ».
Dans l’avenir, la société bayonnaise compte travailler sur la rentabilité de son produit, notamment en optimisant les coûts de revient. « Dès le début, nous savions que ce serait compliqué de rentabiliser la draisienne, car il s’agit d’un marché de niche », relativise l’associée. Néanmoins, elle en est convaincue : « Le marché est plus important pour un vélo fabriqué en France ». Car le rêve de départ n’est pas tombé aux oubliettes. Alors que la draisienne est commercialisée, la conception du vélo progresse. « En trois ans depuis la création, nous avons appris beaucoup de choses », se réjouit Frédérique Lasquibar. Autant de connaissances qui seront mises à profit pour ce futur produit, afin de toucher petits et grands avec des deux-roues de fabrication vraiment locale.