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Vie locale

Une PLACE pour raconter la Résistance au féminin

La sculpture « Femmes de l’Ombre » a pris racine au cœur de la Place des femmes de la Résistance © LPA

À Bayonne, la Place des Femmes de la Résistance a été officiellement inaugurée avec l’œuvre de l’artiste Poulpykiss. Une initiative forte qui associe mémoire, art et transmission, en hommage aux héroïnes longtemps ignorées de l’histoire locale.

Le 12 juin 2025, à l’occasion de la Journée nationale de la Résistance, la Ville de Bayonne a célébré un moment fort de sa mémoire collective : l’inauguration de la Place des Femmes de la Résistance et de sa sculpture « Femmes de l’Ombre ». Ce nouvel aménagement du cœur de ville, à deux pas du monument aux morts, n’est pas seulement un geste symbolique : il incarne un travail de mémoire au long cours, mené par des citoyennes et des citoyens engagés. Ce lieu devient désormais un point de repère pour l’histoire au féminin, une histoire longtemps reléguée au second plan, mais qui prend ici toute sa place dans l’espace public et dans les consciences.

Une mémoire longtemps invisible

L’initiative remonte à 2022, lorsque la place a été baptisée officiellement sous l'impulsion du collectif féministe bayonnais Les Bask’Elles. Leur travail, mené en lien avec un comité scientifique, a permis d’identifier 24 femmes ayant participé activement à la Résistance à Bayonne. Issues de tous horizons sociaux (boulangère, assistante sociale, employée de banque, bibliothécaire) elles ont œuvré dans l’ombre au sein de filières d’évasion, de renseignement ou de ravitaillement. Leur engagement, souvent silencieux, s’est pourtant révélé crucial. Parmi elles, on retrouve Marie Cazaux, Juste parmi les Nations, dont le parcours méritait de figurer en pleine lumière.

Longtemps, ces femmes n’ont pas trouvé leur place dans les récits officiels. En leur dédiant une place et une œuvre, la Ville de Bayonne leur rend justice, et offre aux générations futures un héritage civique riche de sens. Des plaques explicatives installées tout au long du parcours racontent leur histoire et restituent le contexte de leur action dans une ville marquée par l’Occupation. Cette reconnaissance participe à un mouvement plus large engagé par la municipalité : féminiser la toponymie locale. Aujourd’hui, 13 % des rues et places de Bayonne portent un nom de femme, un pourcentage encore rare en France (6 % en moyenne au niveau national).

Une œuvre qui casse les codes

L’œuvre « Femmes de l’Ombre », créée par l’artiste Virginie Cétaire, alias Poulpykiss, a trouvé sa place au cœur de ce lieu nouvellement aménagé. Pensée comme un hymne à la vie, à la résistance et à la féminité, cette sculpture colorée invite à la contemplation et à l’échange. Loin des représentations solennelles et plus rigides, Poulpykiss a opté pour une œuvre vibrante, accessible, joyeuse.

Le projet a vu le jour grâce à un large réseau de mécènes issus du tissu économique, sportif et associatif local, ainsi qu’au soutien du Ministère des Armées. Une mobilisation collective qui témoigne d’un réel attachement à l’histoire locale, et d’une volonté de transmettre les valeurs de solidarité, de courage et d’engagement à travers les formes artistiques les plus contemporaines. L’art public devient ici un vecteur de mémoire, un lien entre passé et présent.

Une transmission vivante

Loin d’un simple geste commémoratif, la Place des Femmes de la Résistance incarne une démarche globale de réappropriation de l’histoire par les citoyennes et citoyens. Elle met en lumière des trajectoires de femmes effacées des récits dominants, et les réintègre à la trame collective via une œuvre à la fois enracinée, et tournée vers l’avenir.