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Vie locale

Transition Écologique, REPENSER notre territoire

À Saint-Jean-de-Luz et sur la Côte Basque, chaque tempête rappelle la fragilité du littoral. L’océan grignote les plages et menace les habitations, routes et équipements publics © LPA

Publié en juin 2025, le Panorama 2024 de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) Nouvelle-Aquitaine met en lumière une transition écologique qui s’opère par l’adaptation du territoire : recomposition du littoral, mobilités du quotidien réorganisées, pratiques professionnelles qui se mettent à niveau et culture du risque qui s’affirme. Le tableau qui en ressort est celui d’un territoire qui ajuste ses projets, ses calendriers et ses méthodes pour se préparer au mieux aux défis de demain, tout en maintenant le dynamisme des collectivités et leur cadre de vie.

Au-delà des chiffres, une constante se dessine : l’adaptation n’est plus un horizon théorique, elle structure déjà les décisions. Le trait de côte n’est plus une abstraction, le rail retrouve une place centrale, la régulation s’affirme dans les transports comme dans l’industrie, tandis que la planification climatique infuse les pratiques et redessine les écosystèmes. L’ensemble compose un paysage composite, où l’échelle régionale imprime son rythme et où les spécificités du territoire trouvent une traduction concrète dans les projets entrepris.

Un acteur discret mais incontournable

Souvent méconnue du grand public, la DREAL est pourtant au coeur de la vie quotidienne des habitants. Avec près de 800 agents en Nouvelle-Aquitaine, elle intervient dans des domaines aussi variés que le logement social, les transports, la biodiversité, la gestion de crise ou encore l’aménagement du territoire. Dans les Pyrénées-Atlantiques, ce rôle prend une dimension particulière : littoral atlantique, vallées pyrénéennes et bassin de l’Adour concentrent des vulnérabilités et des richesses naturelles. « Les transitions écologiques et énergétiques ne sont pas des perspectives lointaines, mais des réalités concrètes qui se déploient chaque jour dans nos territoires », souligne Vincent Jechoux, Directeur régional de la DREAL Nouvelle-Aquitaine.

Quand l’océan grignote la Côte

Chaque tempête rappelle la fragilité du littoral. L’océan grignote les plages et menace les habitations, routes et équipements publics. En réponse à ce constat, l'organisme régional pilote et accompagne plusieurs expérimentations menées sur le littoral néo-aquitain, dont certaines concernent directement la Côte Basque.

Ces projets s’appuient sur des solutions fondées sur la nature, comme la restauration de dunes ou la végétalisation des cordons sableux, élaborées en lien étroit avec les collectivités locales. L’objectif n’est plus seulement de « défendre » la Côte à tout prix, mais de recomposer les espaces menacés et d’anticiper l’inévitable recul du trait de côte. Une approche nouvelle qui vise à concilier protection des populations et adaptation durable.

Le RER basco-landais en gestation

Autre sujet d’actualité, la saturation chronique des routes, que ce soit sur l’axe du BAB (Bayonne, Anglet, Biarritz), sur l’A63 ou la RD 810. Chaque jour, des milliers d’automobilistes s’enlisent dans les embouteillages, aggravés par le poids du trafic transfrontalier.

La réponse des pouvoirs publics tient en quelques lettres : le RER basco-landais. Ce projet, labellisé en 2024, entend développer une desserte ferroviaire cadencée entre Bayonne, Hendaye et Bordeaux. Dans la métropole bordelaise, les premiers travaux sont déjà lancés sur le pôle d’échanges de Talence-Médoquine. À terme, l’ambition est claire : apporter une alternative crédible à la voiture et désaturer les grands axes. Un chantier de longue haleine, mais qui pourrait transformer les mobilités du sud de la région.

Sauver le saumon de l’Adour

Symbole des rivières pyrénéennes, le saumon atlantique est en grand danger. Face à la chute des populations, la DREAL a pris une décision forte en 2024 : interdire la pêche du saumon dans l’Adour.

Ce choix inédit s’accompagne d’un plan global : lutte contre le silure, prédateur envahissant, restauration des frayères, amélioration de la qualité des eaux et campagnes d’alevinage. L’objectif n’est pas seulement de protéger une espèce menacée, il s’agit aussi de préserver un écosystème complet et un patrimoine naturel précieux.

Risques naturels sous surveillance

Les Pyrénées-Atlantiques ne sont pas épargnés par les catastrophes naturelles. Les crues de la Nive et de l’Adour, parfois soudaines, touchent régulièrement les vallées et zones urbaines. Les feux de forêt, longtemps cantonnés aux Landes, gagnent désormais du terrain vers le Pays Basque intérieur. La DREAL coordonne la prévention à travers les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI), l’entretien de plus de 400 stations d’hydrométrie et la participation au Centre Opérationnel Zonal en cas de crise. Elle travaille aussi à diffuser une véritable « culture du risque », notamment auprès des scolaires. En 2024, 100 lycéens ont ainsi participé à une journée de sensibilisation organisée à Pau.

Planification énergétique : un chantier en construction

Sur le territoire régional, la transition énergétique se traduit aussi par des choix locaux. Dans le 64, plusieurs intercommunalités ont engagé la définition de zones d’accélération pour les énergies renouvelables : panneaux solaires sur les toitures publiques ou industrielles, projets de méthanisation en milieu agricole, petite hydroélectricité en montagne. Ces initiatives ouvrent des perspectives, mais leur mise en œuvre reste encore limitée face à la demande énergétique réelle du territoire. Les Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux (PCAET), élaborés par la Communauté d’Agglomération Pays Basque, Pau Béarn Pyrénées ou Lacq-Orthez, dessinent quant à eux des trajectoires de réduction des émissions et d’adaptation au changement climatique. S’ils posent un cadre ambitieux, ils peinent encore à se traduire en actions visibles et financées à grande échelle. Entre ambitions affichées et retombées concrètes, la transition énergétique locale avance par étapes, révélant au passage les promesses, mais aussi les fragilités des actions et volontés.

Grands chantiers régionaux

Sur le périmètre régional, la DREAL Nouvelle-Aquitaine a mené de front plusieurs chantiers majeurs qui témoignent de l’ampleur de son action et des besoins réels de la zone sud-ouest. L’année 2024 a ainsi vu l’agrément de plus de dix mille logements sociaux, dont une part significative dédiée aux étudiants dans les grandes métropoles. Dans le domaine des mobilités, plus de 100 millions d’euros ont été investis dans les projets ferroviaires pour développer des alternatives crédibles à la voiture individuelle et rallier les zones rurales. La prévention des risques n’a pas été en reste, avec 15 millions d’euros mobilisés pour soutenir des programmes de protection contre les inondations, enjeu crucial pour une région marquée par de fortes vulnérabilités hydrologiques.

L’organisme s’est également tourné vers l’avenir énergétique en établissant une cartographie des futures zones d’éolien en mer, dont certaines au large du littoral basque. Il s’agit de préparer la montée en puissance des énergies renouvelables à l’horizon 2050. Enfin, il a aussi contribué à l’extension de la réserve naturelle nationale de la baie et du marais d’Yves, en Charente-Maritime, pour protéger au mieux ces espaces naturels.

La Nouvelle-Aquitaine s’est engagée dans une transformation profonde. Les grands chantiers impulsés esquissent déjà le visage d’un territoire qui doit apprendre à vivre avec le changement climatique. L’avenir se jouera à la fois sur la capacité des collectivités à mettre en œuvre des projets concrets, sur l’acceptation par les habitants de nouvelles pratiques de mobilité ou d’aménagement, et sur la réussite des investissements dans les énergies renouvelables.

Ces évolutions n’effacent pas les fragilités, mais elles témoignent d’une dynamique bien présente : celle d’une adaptation désormais assumée comme horizon commun. Entre océan et montagne, entre Espagne et Aquitaine, le département des Pyrénées- Atlantiques doit composer avec les défis que lui imposent à la fois la singularité de son relief et l’intensité de l'activité humaine.