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Vie locale

SANITAIRE ET SOCIAL : la Nouvelle-Aquitaine prend la main

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« Plus de 259 000 Néo-Aquitains, soit 11 % de la population active, exercent un métier dans le secteur sanitaire et social » © inews77 - stock-adobe.com

La Région Nouvelle-Aquitaine vient de se doter d’un nouveau schéma régional des formations sanitaires et sociales pour 2024-2028. Elle a par ailleurs annoncé qu’elle prendrait désormais en charge les frais de transport des stagiaires des métiers du secteur.

Les 11 et 12 décembre derniers, les élus régionaux de Nouvelle-Aquitaine se sont réunis à Bordeaux. Parmi les nombreuses délibérations adoptées, celle portant sur la construction d’un nouveau schéma régional des formations sanitaires et sociales pour les cinq années à venir. Six ambitions ont été édictées, déclinées en 30 objectifs, et garantissant à la filière les moyens de développement de son outil de formation, tout en répondant aux besoins des territoires et des employeurs.

Le nouveau schéma est le fruit d’une large concertation menée tout au long de l’année grâce à quatre conférences territoriales, des concertations spécifiques avec les trois universités en santé et les douze Conseils départementaux, ainsi que des rencontres avec les apprenants du secteur. Plus de 400 personnes ont participé, ce qui a permis de collecter plus d’une centaine de propositions.

Les métiers du secteur sanitaire et social sont porteurs de sens et d’engagement, avec des débouchés nombreux et des emplois non délocalisables. Malgré cela, 82 % des recrutements sont jugés difficiles. Le manque de professionnels est criant, ajouté à un épuisement des équipes et un manque de reconnaissance. En Nouvelle-Aquitaine, 21 % des professionnels du social ont plus de 55 ans (12 % dans le sanitaire). Et les enjeux auxquels doivent répondre ces métiers sont multiples : vieillissement de la population, hausse de la précarité, déprise médicale, impact du réchauffement climatique sur la santé physique et mentale, fragilisation des populations.

L’objectif est donc de conforter la place, le rôle et l’attractivité de ces professions dont la formation est un des leviers. Il intervient dans un contexte très particulier, après deux années de crise sanitaire mondiale qui a mis en exergue des déséquilibres nationaux et territoriaux en matière de formation de ces professionnels.

Le Schéma des formations sanitaires et sociales adopte une approche globale des enjeux de santé et intègre les interactions entre l’environnement, la santé humaine et la santé animale. Construit autour de l’approche « One Health - Une seule santé », il préconise l’urgence de sensibiliser, former enseignants et apprenants à la santé environnement, aux risques pour la santé du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité, aux moyens de baisser l’impact du secteur sur l’environnement ou encore au concept d’une seule santé.

Les six ambitions de la stratégie régionale

1/ Former des professionnels pour le monde de demain. Outre l’intégration des évolutions sociétales à savoir les défis climatiques, environnementaux et ceux d’une seule santé, le schéma prévoit d’encourager l’innovation, la pluridisciplinarité des formations et de les ouvrir à l'international.

2/ Accroître l’attractivité des formations et des métiers du secteur sanitaire et social. La question de l’attractivité passe par la lisibilité de l'offre de formation et d'emploi sur les territoires, le renforcement de l'orientation, la communication sur les métiers ou encore des actions pour favoriser l’ancrage des apprenants sur les territoires.

3/ Adapter l’offre de formation pour répondre aux besoins du territoire. Pour former au plus près des besoins, il s’agit entre autres de fixer annuellement la carte des formations, investir pour accompagner l’appareil de formation, adapter les formations aux nouveaux métiers : assistant kiné, infirmière en pratiques avancées, aide sage-femme, assistant préparateur en pharmacie…), développer la prospective des besoins en compétence, favoriser la mise en place de formations complémentaires : Une seule santé, santé environnement, maladie cognitive/handicap/illectronisme, médiation numérique…

4/ Favoriser la réussite des apprenants et lutter contre l’abandon. L’atteinte de cet objectif passe entre autres, par des conditions d'accueil et de stage satisfaisantes aux apprenants, des formations de remise à niveau, l’identification de passerelles et des métiers connexes, ou encore la lutte contre la précarité des apprenants.

5/ Penser l’installation durable des futurs professionnels au sein des territoires. Les principales mesures sont de fidéliser les apprenants au territoire ; favoriser l’épanouissement professionnel des actifs ; donner des perspectives d’évolution de carrière, et soutenir le développement de l'apprentissage comme levier de fidélisation.

6/ Accompagner l’universitarisation des formations. Il s’agit de renforcer les liens entre les universités et les instituts de formations et d’améliorer l’accès des étudiants aux services universitaires. Ce nouveau schéma prévoit de favoriser l’expérimentation et l’émergence de passerelles, considéré comme un des leviers de l’attractivité du métier. Cela passe par l’amélioration de l’information et l’accompagnement sur les passerelles existantes sur les territoires : Parcours d'Accès Spécifique Santé (PASS) et les Licences Accès Santé (LAS). La généralisation du déploiement de passerelles d’entrée en deuxième année d’Institut de Formation en Soins Infirmiers, et d’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie, sur tous les sites universitaires de Nouvelle-Aquitaine.

Une première pour une Région française

Lors de la même séance, les conseillers régionaux de Nouvelle-Aquitaine ont voté en faveur d’un nouveau règlement prenant en charge les frais de transport des élèves aides-soignants et accompagnants éducatifs et sociaux lors de leur période de stage.

Depuis la loi de décentralisation de 2004, les Régions ont la charge du financement des formations sanitaires et sociales, de l’attribution et du versement des bourses sur critères sociaux. En 2022, 4 700 élèves et étudiants du territoire en ont été bénéficiaires en Nouvelle-Aquitaine.

Les référentiels des formations de niveau bac et infra bac (aides-soignants, auxiliaires de puériculture, ambulanciers et accompagnants éducatifs et sociaux) ne prévoient pas un remboursement obligatoire des frais de transport lors de stages, alors que cela est prévu pour certaines formations post-bac, comme celle des étudiants infirmiers ou kinés. Les déplacements en stage accentuent les difficultés alors qu’il s’agit de périodes obligatoires incluses dans les formations. La conséquence extrême est parfois l’abandon de la formation pour des raisons financières.

« Les concertations menées tout au long de l’année 2023 dans le cadre du renouvellement du Schéma des formations sanitaires et sociales, ont fait émerger une forte demande, quant à la prise en charge des frais de transport pour les formations infrabac, lors des périodes de stage. En adoptant ce nouveau règlement d’intervention, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine va plus loin dans ses dispositifs d’accompagnement. Il réaffirme également sa volonté de favoriser l’attractivité de ces métiers dans un secteur aujourd’hui en très forte tension », explique Françoise Jeanson, Vice-présidente du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine en charge de la Santé.

Les formations éligibles au financement régional à compter du 1er janvier 2024 sont celles préparant aux deux diplômes d’État suivants : Aide-soignant : les référentiels de certification des formations, en vigueur en septembre 2023, prévoient au total 22 semaines de stages de 35 heures, correspondant à 770 heures de formation. Accompagnant éducatif et social : Une durée totale de 24 semaines de stages de 35 heures pour un parcours complet, correspondant à 840 heures de formation pratique.

Grâce au dynamisme et à l’implication des instituts de formation, la collectivité régionale a renforcé ces dernières années ses capacités de formation. Désormais, la Nouvelle-Aquitaine offre près de 4 000 places en formation pour ces deux métiers concernés par la nouvelle aide aux transports : près de 1 700 places pour la formation d’aide-soignant et de 2 300 places pour celle d’accompagnant éducatif et social.

Chiffres clés des formations sanitaires et sociales en Nouvelle-Aquitaine
23 000 places de formation agréées, dont 19 500 financées par la Région en 2022 (+ 20 % par rapport à 2021 ; 34 diplômes préparés sur 150 sites). 97 % de sorties positives 7 mois après la formation (94 % en emploi). La Région consacre annuellement aux formations sanitaires et sociales : 119 millions d’euros en fonctionnement et 8 millions d’euros en investissement, dont 16 millions d’euros pour les bourses sur critères sociaux. 4 771 bourses d’études accordées en 2022 (+ 3,4 % par rapport à 2021) pour montant moyen de 2.700 euros. 2 857 places supplémentaires créées depuis 2020 avec 55 nouveaux sites de formation.