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Vie locale

Saint-Jean-de-Luz s’adapte au recul du trait de côte

Plage de Saint-Jean-de-Luz

Plage de Saint-Jean-de-Luz - Photo © Coline Julien

Un contrat partenarial d’aménagement a été signé à Saint-Jean-de-Luz, le 12 octobre. C’est le premier du genre sur le territoire français. Son objectif est d’anticiper les changements futurs qui impacteront le visage de la ville côtière.

Qu’est-ce que le trait de côte ?

Situé entre terre et mer, le littoral, ou « trait de côte » est l’interface de ces deux zones. Il n’a pas de caractère immuable, bien au contraire, il est voué à évolué, soit de façon naturelle, suite à l’activité humaine ou sous l’effet combiné de ces deux facteurs. En résulte un recul (phénomène d’érosion) ou une avancée (phénomène d’accrétion) du trait de côte.

Le point sur la situation dans les Pyrénées-Atlantiques

Plusieurs organismes régionaux tels que le Groupement d’Intérêt Public Littoral (GIP Littoral), l’Observatoire de la Côte Aquitaine (OCA) ou l’Observatoire des Risques Nouvelle-Aquitaine (ORNA), travaillent depuis le début des années 2010 à l’étude des évolutions passées, actuelles et futures du trait de côte du littoral Aquitain. En tenant compte des conclusions de ces études et de la variété de profils des terrains littoraux, chaque territoire doit construire une stratégie d’aménagement spécifique. Depuis 2012, la Communauté Pays Basque travaille dans ce sens avec la mise en place d’une Stratégie Locale de Gestion des Risques Littoraux (SLGR), en collaboration avec les communes littorales du Pays Basque qui sont concernées.

Cette stratégie comporte une étude des caractéristiques des aléas de recul du trait de côte ainsi que des scénarios d’évolution sur le secteur pour les 20 à 40 prochaines années (horizons 2023 et 2043).

Deux scénarios ont été anticipés : un premier avec une suppression des ouvrages de protection* et un second avec leur maintien.

Cette étude a permis d’identifier des zones à risques : zone de vulnérabilités ou zone d’aléas. Ces données doivent être systématiquement prises en compte dans les plans d’urbanisme et en fonction des secteurs : urbanisés ou non urbanisés. Ainsi, en recoupant les caractéristiques d’un terrain, la CAPB et les municipalités sont à même de définir un plan d’urbanisme pérenne. Les possibilités sont variées, possibilité ou impossibilité d’extension de constructions existantes, impossibilité d’implanter de nouveaux locaux (sauf démontables), reconstruction à l’identique possible ou interdite, etc.

Il est toutefois important de noter que les scénarios à la base de ces nouvelles règles ne tiennent pas compte du réchauffement climatique, en termes de hausses du niveau marin, et de ses effets prévisibles.

Saint-Jean-de-Luz se prépare aux changements

Le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Eric Spitz, le président de la Communauté Pays Basque, Jean-René Etchegaray et Jean-François Irigoyen, Maire de Saint-Jean-de-Luz (et Président du syndicat des mobilités), ont signé le premier contrat national de Projet Partenarial d’Aménagement (PPA), en vue d'une adaptation au recul du trait de côte de la ville luzienne.

C’est dans le cadre de France Relance qu’un appel à projets national, doté de 10 millions d’euros, a été lancé, dans le but de mettre en place des actions de réaménagement du littoral affecté par l’érosion. Les propositions de trois communes ont été retenues, dont celle formulée par la cité corsaire et la Communauté Pays Basque. Ce projet s’appuie sur les données et répercussions observables et prévisibles sur différents secteurs : économie, tourisme, mobilité, logements et assainissement. La stratégie globale établie se déploie à court, moyen et long termes sur le territoire de la commune.

Le projet couvre la période 2021-2024 pour un coût total estimé à 6,4 millions d’euros et une participation de France Relance de 2,6 millions d’euros (50 % des dépenses éligibles).

Plus concrètement, le projet prévoit la relocalisation de la Station d’épuration d’Archilua, la réalisation de l’étude stratégique de recomposition spatiale, la communication et concertation autour du projet, l’acquisition de données en vue de compléter la projection du recul du trait de côte (horizon +100 ans), et les études et acquisitions foncières pour la création d’un itinéraire « rétro-littoral » pour la navette estivale de la commune.

Ce premier projet porté par la ville et la CAPB servira d’expérimentation pour aller vers des solutions innovantes d’adaptation au changement climatique. Ces solutions pourraient alors être dupliquées et mobilisées sur d’autres secteurs du littoral basque. Des outils juridiques, de nouveau modes d’action et des partenariats sont envisagés pour atteindre cet objectif.

 


*et de leur gestion patrimoniale avec suivi et entretien régulier