QUI SONT-ILS ? Épisode 12
Épisode 12 de notre série sur les personnages historiques. Ils ont donné leur nom à une avenue, une rue, une place ou un musée de notre territoire. Des noms qui nous sont devenus familiers au fil du temps, mais dont nous ignorons tout ou presque. Partons à la découverte de ces hommes et femmes au parcours souvent hors du commun.
Simin Palay
Une multitude d’avenues et de rues en Béarn et un collège à Lescar, perpétuent sa mémoire. Jean-Maximin Palay, dit Simin Palay, est né en 1874 à Casteide-Doat, au croisement du Béarn et de la Bigorre. Ouvrier tailleur devenu autodidacte passionné, il consacre sa vie à la langue béarnaise et gasconne. Poète, dramaturge, romancier, lexicographe, il est une figure majeure du Félibrige, l’association qui œuvre pour la sauvegarde et la promotion de la langue, de la culture et de tout ce qui constitue l'identité des pays de langue d'oc. Sa rencontre en 1890 avec Michel Camelat, jeune poète bigourdan, marque le début d’une longue collaboration. Ensemble, ils créent des almanachs littéraires puis fondent l’Escole Gastoû Febus, branche béarnaise du Félibrige, et la revue Reclams de Biarn e Gascougne. Après une brouille avec Adrien Planté, Maire d’Orthez, ils lancent le journal La Bouts de la Terre, entièrement en béarnais. Simin Palay devient majoral du Félibrige en 1920 puis capdau de l’Escole en 1923. Son oeuvre majeure reste le Dictionnaire du Béarnais et du Gascon modernes, commencé en 1910 et publié en deux volumes en 1932, et qui fait encore référence aujourd’hui. Il décède à Gelos en 1965, trois ans après Michel Camelat. Le buste, placé au Parc Beaumont de Pau, rend hommage à l’engagement d’un homme pour la langue et la culture de son pays.
Xavier Navarrot
Une rue et une école portent son nom à Oloron- Sainte-Marie. Né dans la capitale du Haut- Béarn le 24 février 1799, Xavier Navarrot (Xavièr Navarròt en occitan) est une figure emblématique de la poésie béarnaise du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise, il étudie à Pau, Toulouse et Paris, où ses études de droit et de médecine laissent place à une vie plus bohème. À Paris, il fréquente Pierre-Jean de Béranger, dont il adopte le style engagé et satirique. De retour définitivement en Béarn en 1830, il mène une vie de rentier dans la maison familiale oloronaise de la rue Camou. Il y aménage un salon en hommage au poète Despourrins, décoré par le sculpteur Prosper Piquenot, également auteur de nombreux ornements au Château de Pau. Poète d’expression occitane, il compose des chansons politiques, satiriques ou lyriques, dans un style populaire inspiré de Béranger. Son attachement au Béarn transparaît dans nombre de ses oeuvres, dont certaines seront mises en musique, notamment par Marcel Amont un siècle plus tard. Xavier Navarrot meurt en 1862 à Lucq-de-Béarn. Il repose dans son village natal et un buste en bronze perpétue sa mémoire, comme témoin de son rôle majeur dans la défense de la langue et de la culture béarnaises.
Léon Bonnat 
Le Musée Bonnat-Helleu de Bayonne rouvre ses portes en novembre 2025 après 15 ans de fermeture (voir notre édition du 2 avril 2025). Né à Bayonne en 1833, Léon Bonnat, peintre, graveur et collectionneur, est l'une des figures majeures de l'art du XIXe siècle. Formé à Madrid puis à Paris, il puise son inspiration dans les maîtres espagnols du Prado, influençant la peinture française par une approche réaliste, une palette terreuse et un style vigoureux. Son oeuvre alterne scènes religieuses - comme Saint Vincent de Paul ou Le Martyrede Saint- Denis - et portraits. Il réalise plus de 200 effigies de personnalités, de Victor Hugo à Gambetta, affirmant sa réputation de portraitiste officiel de la Troisième République. Léon Bonnat joue également un rôle fondamental comme enseignant à l’École des Beaux-arts de Paris, où il forme de grands noms comme Toulouse-Lautrec, Dufy ou Caillebotte. Il y promeut l’étude de la peinture espagnole et l’audace dans l’exécution. Critiqué pour son réalisme cru, admiré par d'autres, il incarne une peinture libre, en rupture avec le néoclassicisme. Grand-croix de la Légion d’honneur, il dirige les Musées nationaux et l’École des Beaux-arts jusqu’à sa mort en 1922 à Monchy Saint Éloi. Son legs artistique et pédagogique perdure au Musée Bonnat-Helleu de Bayonne. Un grand peintre académique, à la fois novateur et fidèle à ses convictions.
Kattalin Aguirre
Des voies à Ciboure et Urrugne sont baptisées de son nom. Née Catherine Lamothe à Sare le 28 août 1897, Kattalin Aguirre est une héroïne de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Installée à Ciboure, elle joue un rôle capital dans l’aide aux aviateurs alliés et résistants cherchant à fuir la France occupée vers l’Espagne neutre. On estime qu’environ 1 000 personnes ont pu s’échapper grâce à son action. Dès l’adolescence, elle travaille à l’Hôtel Euskalduna, puis devient domestique à Paris. Mariée à Pierre Aguirre en 1927, elle devient veuve peu après. De retour à Ciboure, elle reprend son emploi à l’hôtel tenu par sa cousine et aide dès 1936 les réfugiés de la guerre d’Espagne. Pendant la guerre, elle collabore avec les réseaux Margot et Comète, hébergeant des fugitifs et les remettant au passeur Florentino Goikoetxea. Elle transmet également des messages et du matériel en compagnie de sa fille de 14 ans. Son engagement discret mais déterminé fait d’elle un maillon crucial entre la France occupée et l’Espagne. Elle meurt à Ciboure le 22 juillet 1992, laissant l’image d’une femme courageuse et altruiste, profondément enracinée dans sa terre basque.
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