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Vie quotidienne

PestiRiv étudie les effets des pesticides sur les riverains des zones viticoles

Vignoble et habitations, une cohabitation potentiellement dangereuse

Photo © Droits Réservés

Lancée par Santé publique France et L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), PestiRiv est la première étude nationale à s'intéresser à l’impact des pesticides, utilisés dans les zones viticoles, sur les riverains. Cette étude, qui débute en ce mois d’octobre, permettra de collecter des données objectives, d’identifier les sources qui contribuent majoritairement à l’exposition aux pesticides et à adapter les mesures de prévention. En France une portion importante de la population réside à proximité de cultures viticoles.

La culture viticole et son marché en quelques chiffres

796 000 hectares de vignes ont été recensés sur le territoire français en 2020, 14 % des vignes sont cultivées en agriculture biologique et 6 700 exploitations sont engagées dans la « Haute Valeur Environnementale* ». Au niveau international, la France est très bien positionnée sur le marché du vin. Nous occupons une place de choix sur différents segments stratégiques, à savoir : 2ème producteur mondial de vin, avec une production de 4,69 milliards de litres en 2020, 1er exportateur et 3ème producteur mondial de vin bio.

Une étude de grande ampleur

Le périmètre de l’étude a été établi scrupuleusement et se base sur un échantillon de 3 350 personnes tirées au sort, âgées de 3 à 79 ans et vivant dans des zones viticoles et des zones éloignées de toute culture. Les participants sont répartis sur 250 zones d’études dans 6 régions : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

La collecte de données est programmée en deux temps, sur la période hivernale 2021 et printanière 2022. D’octobre à février, les exploitations viticoles traitent moins fréquemment les vignes avec des produits phytopharmaceutiques. À l’inverse, la période de mars à août correspond à l’intervalle où les traitements sont les plus fréquents.

Les mesures d’exposition aux pesticides sont effectuées, à la fois sur les humains et sur l’environnement, à l’aide de prélèvements divers, et concernent une cinquantaine de substances. Ces mesures seront associées à des facteurs et variables à prendre en compte, tels que les conditions météorologiques et topographiques, une analyse du contexte agricole des zones d’étude, l’utilisation des données de surveillance nationale de l’eau et enfin, des questionnaires adressés aux participants pour identifier d’autres sources potentielles d’exposition.

Les modalités de l’étude ont été éprouvées au préalable sur un échantillon plus restreint de 4 communes et 72 foyers. Ainsi, les spécialistes ont pu tester et affiner le protocole de cette étude de grande ampleur. En effet, la coopération et l’engagement des participants sont des éléments fondamentaux pour mener à bien cette analyse. Les scientifiques en charge devaient s’assurer de la viabilité du projet en termes d'implication des sujets et distinguer les motifs de refus éventuels pour les éviter.

Le principal objectif de PestiRiv est de déterminer s’il existe une différence entre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture. L’étude tend à distinguer les sources qui contribuent majoritairement à l’exposition aux pesticides et d’identifier l’influence que peuvent avoir la distance aux vignes, la saison ou encore les habitudes et les comportements des individus sur cette exposition. Mieux comprendre l’origine de ces expositions permettra de sélectionner les moyens de les limiter et d’éviter en conséquence les effets potentiels de ces produits sur la santé.

Un plan global en marche

Comme l’indique l’Anses, c’est la « première étude de grande ampleur » entreprise sur le sol français. Toutefois, elle s’inscrit dans une série de travaux scientifiques qui visent à approfondir les connaissances sur les pesticides et leurs effets sur la santé. Le Programme national de biosurveillance a déployé plusieurs études sur l’exposition des Français à différents polluants. L’étude GEOCAP-AGRI s’intéresse quant à elle aux risques d’apparition de cancers chez les enfants vivant à proximité de certaines familles de cultures. Enfin, la Campagne Nationale Exploratoire des Pesticides (CNEP) s’attache à photographier les substances présentes dans l’air extérieur et leurs niveaux de concentration.

La finalité de ces analyses est de collecter des données fiables pour déterminer les signaux et alertes qui nécessitent des actions nationales.

 


*La certification Haute Valeur Environnementale (HVE) atteste d’une excellence environnementale atteinte dans 4 domaines : en matière de biodiversité (présence notamment de haies, bandes herbées, bosquets, etc.), de stratégie phytosanitaire, de la gestion de la fertilisation et enfin, de l’irrigation. Elle est encadrée par un cahier des charges contrôlé par des organismes certificateurs, agréés par l’Etat.