PAYS BASQUE : une économie résiliente mais jusqu’à quand ?
Malgré une conjoncture nationale instable et un commerce international fragilisé, le tissu entrepreneurial basque résiste. Néanmoins, derrière la solidité apparente, les signaux d’alerte se multiplient : radiations en forte hausse, investissements au ralenti et confiance en berne.
Le baromètre économique de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Bayonne Pays Basque, présenté jeudi 9 octobre 2025 en partenariat avec la Banque de France, dresse un constat nuancé. Si les fondamentaux de l’économie locale tiennent encore, le territoire avance désormais en funambule. André Garreta, Président de la CCI, parle d’« une économie en panne d’élan, mais des entreprises agiles et combatives ».
Appuyé sur les données recueillies auprès de 214 entreprises du territoire entre le 4 et le 10 juillet 2025 dernier, le rapport met en évidence une activité qui stagne, des trésoreries sous pression et un moral des dirigeants fragilisé par l’incertitude politique et budgétaire.
À plus long terme, les perspectives pour 2026 et 2027 restent prudentes : la Banque de France anticipe une reprise modérée de la croissance, soutenue par le pouvoir d’achat des ménages et un léger redémarrage de l’investissement privé, sans toutefois retrouver le rythme d’avant-crise Covid.
Entre contexte mondial instable et croissance nationale atone
Selon la Banque de France, la croissance française, qui plafonne à 0,7 % en 2025, devrait remonter timidement à 1,1 % en 2027. L’inflation, tombée à 1 %, figure désormais parmi les plus faibles de la zone euro, mais ce reflux n’a pas encore relancé la consommation. La population semble encore attendre des taux d’avant covid, un espoir vain car d’après Marie- Anne Kozlowski, Directrice de l’antenne économique de la Banque de France à Bayonne, ces taux ne reviendront pas.
L’épargne des ménages atteint près de 19 %, son niveau le plus haut depuis la fin des années 1970. « Nous faisons face à une faible consommation malgré des gains de pouvoir d’achat », constate Marie-Anne Kozlowski. Le pays semble figé, dans l’expectative : les ménages se montrent prudents et les entreprises conservent une attitude attentiste.
L’accord commercial signé entre l’Union européenne et les États-Unis, qui a porté les droits de douane sur les exportations françaises à une moyenne globale de 12 %, alourdit encore la conjoncture. L’agroalimentaire basque, exportateur de produits à forte valeur ajoutée, en subit déjà les contrecoups, comme le précise Peio Etxeleku, premier Vice-président de la CCI et chef d’entreprise (Maison Agour). D’après lui, le secteur agroalimentaire est directement touché par la situation internationale. Il fait face à une hausse des coûts de production, à des marges qui se resserrent et à une absence de visibilité. Or, visibilité et stabilité sont des critères essentiels pour pouvoir se projeter à l’export.
Une économie locale qui résiste mais se fragilise
Au Pays Basque, le premier semestre 2025 confirme l’impression d’un moteur qui tourne au ralenti. Les radiations d’entreprises ont bondi de 75 %, tandis que les créations progressent de 13 %. Le solde net reste positif, mais deux fois inférieur à celui des années précédentes. Les procédures collectives augmentent de 9 %, tirées par les redressements judiciaires en hausse de près de 50 %.
Malgré ces tensions, l’emploi reste plus robuste qu’ailleurs. Les effectifs salariés se stabilisent à 0,1 % sur un an, contre - 0,4 % en Nouvelle-Aquitaine, et le taux de chômage se stabilise à 5,8 %, contre 6,6 % pour la Région. Les tensions sur le marché du travail demeurent toutefois très fortes : 65 % des dirigeants déclarent avoir du mal à recruter, souvent faute de candidats disponibles. Une tendance s’installe : les postes proposés ne...
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