Imprimer la page
Vie locale

Ogeu, les racines de la Source

Marc Oxibar, maire d'Ogeu-les-Bains © FB

Marc Oxibar, maire d'Ogeu-les-Bains © FB

Pour beaucoup, Ogeu, c’est le nom d’une eau minérale aux bulles virevoltantes. Mais c’est également celui d’une commune au caractère affirmé.

Ici ou là on entend dire que les territoires ruraux souffrent et meurent à petit feu face aux grandes mégapoles cannibales. Partout on nous explique que les confinements successifs ont tué lentement mais sûrement l’élan culturel et associatif des communes. Mais à Ogeu, tous ces obstacles, toutes ces contraintes, sont autant de défis que l’on se plaît à relever.

« Le confinement a fait se multiplier le télétravail, notre commune étant bien dotée côté numérique, nous sommes armés pour y faire face. Au quotidien, nous prouvons que dans une commune de 1 200 habitants en plein territoire rural, on peut travailler avec le monde entier », explique Marc Oxibar, maire depuis 2020 après un mandat de conseiller municipal.

C’est au sein de cette commune située entre Arudy, Oloron et Pau qu’existe une entreprise à la renommée internationale : les Eaux d’Ogeu. Qui ne se souvient pas, enfant, de s’être délecté de la célèbre limonade, nature, orange ou citron ? Pour les plus « raisonnables », l’eau plate minérale est également source de bienfaits. La source justement, c’est elle qui a donné le nom exact de la commune : Ogeu-les-Bains. « Pourtant il n’y a pas de thermes ici ? » s’interrogent parfois les visiteurs. Certes, mais il y’en a eu ! Car les sources d’Ogeu sont reconnues depuis le Moyen Âge. Henri IV fut le premier à en avoir réglementé l’exploitation. En ce temps-là, les dames de la Cour venaient y prendre leurs bains.

Ces thermes furent propriétés de l’État jusqu’en 1820, date à laquelle elles furent acquises par le Docteur Casamayor qui y fit construire dix ans plus tard un établissement thermal. En 1889, sa veuve obtient l’autorisation d’exploiter à usage médical l’eau d’Ogeu.

Industrielle et agricole à la fois

En 1941, l’établissement thermal est réquisitionné pour y loger des réfugiés jusqu’en 1943 où naîtra l’usine d’embouteillage toujours en activité à ce jour. Cette société (SEMO) est toujours dirigée par les descendants du Docteur Casamayor, seuls propriétaires de la source depuis cinq générations.

D’autres industries font d’Ogeu-les-Bains un territoire rural bien vivant, mais qui n’oublie jamais vraiment sa ruralité ; la revendiquant même haut et fort. « Nous avons un vrai rôle à poursuivre cette recherche permanente de ruralité, car elle est une force » affiche fièrement le premier édile. « C’est une vraie chance, car cela nous permet de transposer dans le monde rural les décisions prises dans une très grande ville ».

Et justement la ruralité d’Ogeu dont elle est si fière, se matérialise par son important tissu agricole, avec 22 exploitations présentes. Toutes ont une particularité : la jeunesse de leurs exploitants qui démontre qu’ici on tient à ses racines. « Il est vrai qu’il y a une vraie identité ogeuloise, reprend le Maire, on est d’Ogeu, et on en est fier, même si nous sommes très ouverts et accueillants ». C’est du reste à Ogeu-les-Bains que se tient le dernier concours de fromage de l’automne en Béarn : au mois de novembre avec le concours du fromage d’estives, « la Rolls des fromages de brebis », fait remarquer fièrement le Maire. Preuve qu’Ogeu sait s’ouvrir aux autres, si Marc Oxibar n’est que le 4e Maire qu’a connu la commune depuis 1935, pas un n’était Ogeulois d’origine, et tous ont connu plusieurs réélections ! La palme de la longévité revenant à Michel Lauronce (1977-2020).

Faire de ce qui peut apparaître une faiblesse, une force

Ogeu c’est aussi une reconnaissance mondiale sur le plan social : c’est là que Lino Ventura en personne a tenu à créer en 1988 « Perce-Neige », une structure d’accueil pour adultes handicapés. Les liens d’amitié qui liaient l’acteur à Michel Lauronce en furent l’une des principales raisons.

La solidarité est justement permanente à Ogeu. C’est aussi ce qui en fait sa « particularité ». Ainsi, lors du confinement total, un immense élan de générosité s’est mis en place. Une simple idée : celle d’offrir des crêpes aux personnes âgées isolées. En deux jours, l’opération était sur pied : Jérôme Navarrine et son équipe de boulangers ont offert la farine et les œufs, la supérette locale le lait. Chaque habitant venant faire ses courses pouvait prendre gratuitement un sachet complet et fabriquer en famille des crêpes qui furent ensuite distribuées par le boulanger lors de ses tournées et par l’ADMR locale. Trente familles, toutes générations confondues, ont participé à l’action : « il n’y a que dans le monde rural que l’on peut voir ça » s’enorgueillit Marc Oxibar.

Le brassage des générations, le lien, le partage, on aime ça à Ogeu. Fière de ses racines, fière de son histoire, Ogeu revendique son identité. « Notre ville a toujours été une place forte malgré sa situation géographique qui pourrait faire penser que nous ne sommes que sur un axe. Ce qui peut apparaître comme un point compliqué, c’est ce qui, en réalité, fait notre force, c’est ça la particularité d’Ogeu, faire de tout ce qui peut apparaître comme une faiblesse, une vraie force », conclut l’élu. Et comment lui donner tort, quand on trouve au sein de sa ville tous les commerces de proximités : pharmacie, médecin, kiné, ostéopathe, infirmières, esthéticiennes, un bar-tabac restaurant, un bureau de poste et plusieurs gîtes et chambres d’hôtes pour accueillir les visiteurs et leur faire toucher réellement combien il fait bon y vivre.