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Vie locale

Navarrenx, éternelle et intemporelle

Ce sont les remparts de Navarrenx qui ont influencé les futures fortifications de Vauban © DR

Ce sont les remparts de Navarrenx qui ont influencé les futures fortifications de Vauban © DR

Derrière ses remparts, Navarrenx abrite une identité et un cachet historique qui ne l’empêche pas de faire preuve d’un remarquable dynamisme.

Située en plein chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, très précisément au milieu du département, Navarrenx trône fièrement du haut de ses remparts au-dessus du Gave. Des remparts qui, s’ils ressemblent étrangement à des forteresses de type Vauban, datent du XVIe siècle, soit 100 ans avant le célèbre Maréchal de France. 

Des remparts inspirants pour Vauban

Comme le narre Joseph Miqueu, le président de l’association « CHAR » (Cercle Historique de l’Arribère) : « c’est en passant un jour à Navarrenx, que Vauban voyant les remparts, les examinant, eut l’idée de s’en inspirer pour faire bâtir ses édifications de nombreuses frontières françaises ». Le CHAR à Navarrenx, c’est plus qu’une association, c’est une véritable institution, qui œuvre au service de la mémoire de la Cité. Avec notamment la publication d’un ouvrage « À Navarrenx, les pierres ont une histoire », qui retrace toute la grande histoire des différents édifices, ouvrages militaires et bâtiments qui l’ont jalonnée. 

Au sein de cette commune d’un peu plus de 1100 âmes, où le nombre d’habitants n’a que très peu varié depuis 150 ans, les richesses patrimoniales sont nombreuses. Pour y pénétrer, l’on doit franchir l’imposante porte Saint-Antoine. Elle est l’œuvre de Fabricio Siciliano, architecte italien au service d’Henri II d’Albret, le grand-père d’Henri IV. À la demande de son maître, il réalisa également la place des Casernes de la ville, sur les bases d’une autre qu’il avait bâtie dans une ville proche de Venise. Sa situation en plein milieu du département conféra à Navarrenx d’être le chef-lieu des Pyrénées-Atlantiques en 1790. 

« Plus beau village de France »

Mais le titre lui fut retiré seulement 6 mois plus tard après une délibération de la structure ancêtre du conseil départemental, au sein même de l’église de Navarrenx, pour l’attribuer à Pau. Qui dit remparts, dit forcément batailles et Navarrenx connut son siège en 1619. Diverses commémorations costumées ont, du reste, égayé les rues de la Cité en 2019 à l’occasion des 400 ans de l’évènement. Mais la plus grande fierté concernant ses pierres, c’est l’aspect intact de l’enceinte et de nombre de vestiges tout au long du village, Navarrenx, c’est le petit Carcassonne du Béarn. En 2014, Navarrenx reçoit le label « plus beau village de France ». 

Grâce à lui, elle passe de 40 000 visiteurs par an (dont 15 000 marcheurs de Saint-Jacques) à plus de 100 000 par an avec toutes les retombées économiques que cela génère. Est-ce son statut de Cité fortifiée, abritée par ses longs et puissants remparts ? Toujours est-il que Navarrenx a connu plusieurs heures de gloire sur le plan économique, et s’est toujours relevée des baisses d’activités diverses, renouvelant sans cesse ses atouts. Car ce qui a longtemps fait la renommée de Navarrenx, bien plus que ses remparts, c’est le saumon. Au milieu du siècle dernier, on venait de très loin pour pêcher celui qui a fait l’heure de gloire de la ville. Dans les années 60, le « Festival du Saumon » a vu se presser plus de 2 000 personnes dans les entrailles des remparts. Ce festival c’est Jacques Médecin, l’ancien Maire de Nice et secrétaire d’État au Tourisme, qui l’avait encouragé. 

Navarrenx, une ville résiliente

Chaque année les vedettes télévisuelles de l’époque (Léon Zitrone, Guy Lux…) se déplaçaient pour couvrir l’évènement. En fait de pêche au saumon, ce fut tout simplement une pêche miraculeuse pour Navarrenx. L’hôtellerie-restauration prit un premier élan majeur et apporta une belle puissance économique à la Cité. 

La force de Navarrenx a toujours été de savoir s’adapter. Ainsi en parallèle de la manne de la pêche,  Navarrenx s’appuya sur une autre de ses particularités. Ainsi, sur les 600 hectares qu’elle compte, 110 sont composés de forêts et de bois. C’est donc naturellement qu’elle a développé cette industrie durant plus de 60 ans. Aux plus belles heures, le bois a fait travailler plus de 600 salariés. C’est en 2005 que la maison Lansalot a fermé définitivement ses portes. 

Mais la ville continue de vivre intensément. En son sein on y trouve son florilège de commerces, mais aussi deux écoles (une publique et une privée) et un collège, un tissu associatif imposant et de nombreux clubs sportifs : pelote basque, rugby, foot, tennis, et basket.  Depuis 1938, les jeunes agriculteurs y organisent leur Foire agricole. Et cette année, la fréquentation de l’évènement a connu une hausse avec 15 000 visiteurs sur le premier week-end de février. Et comme à Navarrenx, on s’adresse à toutes les générations, un projet de réalisation d’une résidence intergénérationnelle est en phase de réalisation. Car elle est ainsi Navarrenx… Intemporelle et Éternelle.