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Vie locale

LOYERS : une BOMBE SOCIALE sous haute observation

© hansgeel - stock.adobe.com

Les loyers du secteur allant d’Anglet La Barre à Hendaye, se situent en 4e position des loyers les plus chers de France (hors Paris), juste entre Marseille et Lyon. © hansgeel - stock.adobe.com

Les loyers de notre littoral se situent dans le Top 5 des loyers les plus chers de France. Une situation inquiétante, éclairée par l’étude de l’Observatoire Local des Loyers, présentée le 26 septembre dernier à Bayonne. Un travail qui servira de base au futur décret d’encadrement des loyers concernant 24 communes situées en zone tendue.

Créé depuis onze ans au Pays Basque, l’Observatoire Local des Loyers (OLL) est piloté par l’AUDAP (Agence d’Urbanisme Atlantique et Pyrénées). « Il fait partie d’un réseau national d’observation qui présente une double utilité» explique Joëlle Gras, sous-préfète en charge du logement, de l’emploi et de l’économie. Ayant contracté le virus du Covid, la fonctionnaire d’état n’est pas présente à Bayonne, mais a tenu à participer à cette présentation en visio-conférence. « L’observatoire est une aide à la décision éclairant les politiques locales de l’habitat, mais il est aussi un outil permettant d’adapter les politiques de l’État au plus près des territoires », précise-t-elle.

Au départ, uniquement focalisé sur des territoires basques, le périmètre de l’OLL s’est agrandi en 2021 avec l’arrivée, en plus de la Communauté d'Agglomération Pays Basque, des Communautés du Seignanx et de la MACS (Maremne Adour Côte Sud). En tout, ce ne sont pas moins de 103 communes passées au crible, de Moliets-et-Maa à Hendaye en passant par Mauléon et Garazi.

Une intégration landaise dans le dispositif, toute logique selon Jean-François Monet, vice-président de la MACS et maire de Bénesse-Maremne. « Chez nous aussi, les demandes sont de plus en plus nombreuses, l’offre se raréfie et on se rapproche de ce qui se passe sur la Côte Basque ».

Une évolution inquiétante

Le rôle de cet organisme est d’autant plus important en cette période de crise du logement. Et cette étude sur le Parc Locatif Privé (PLP) a tout son sens quand on connaît sa place essentielle sur le territoire.

28 % des ménages y vivent, ce qui le place en deuxième position, juste derrière le parc des logements occupés par leurs propriétaires. « Ce parc accueille chaque année 3 nouveaux emménagés sur 5 », ajoute Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d'Agglomération Pays Basque. « Il joue un rôle majeur sur notre territoire et son évolution n’est pas rassurante ». En cette période, les vents contraires sont nombreux. L’augmentation des taux d’intérêt et la hausse des prix d’achat bloquent l’accession à la propriété. En parallèle, une baisse de la construction, couplée à une explosion des meublés (+ 30 % en onze ans) et à la réglementation sur les passoires thermiques contribuent à la raréfaction des logements privés à la location. Ajoutez à tout cela, l’attractivité d’une région qui ne cesse « d’attirer de nouvelles personnes avec des moyens financiers » observe Jean-René Etchegaray. « Les prix des locations augmentent, car c’est la loi de l’offre et de la demande, nous connaissons aujourd’hui un phénomène jusque là réservé aux métropoles ».

Plus cher que Lyon

Si la moyenne de l’étude ressort un prix médian de 10,5 €/m², la réalité est très disparate selon les territoires. Dans les zones rurales, on se situe autour de 8,5 €/m² alors que sur la zone littorale, le loyer médian grimpe à 12,1 €/m². Ce dernier chiffre place ce secteur (allant d’Anglet La Barre à Hendaye), en 4e position des loyers les plus chers de France (hors Paris), juste entre Marseille et Lyon.

C’est aussi sur cette même bande atlantique que la part des meublés est la plus importante avec, la plupart du temps, des baux de septembre à juin. Ce qui entraîne une précarisation d’une partie de la population qui se reporte sur ces logements. Une évolution qui ne semble pas sur la fin. « Nous avons observé cette année, de mai à juillet, les annonces publiées sur le web », explique le directeur de l’AUDAP, Denis Caniaux. « Nous avons constaté que 70 % des annonces concernaient des meublés ».

La maison brûle

Avec l’ensemble de ces données collectées par l’OLL, les politiques locaux ont les arguments pour militer auprès des instances parisiennes. « La maison brûle, nous avons besoin de mesures rapides » alerte Jean-René Etchegaray.

Dans cette optique, la Communauté d’Agglomération Pays Basque a candidaté pour une expérimentation de l’encadrement des loyers dans les 24 communes en zone tendue (1). Le 25 août dernier, le ministre du Logement, Patrice Vergriete, a annoncé que le dossier était retenu, ce qui devrait faire l’objet d’un décret ministériel très prochainement. Dans un second temps, ce sera un décret préfectoral qui fixera les conditions de l’encadrement des loyers sur le territoire.

Ce dispositif de réglementation des baux sera-t-il suffisant pour régler le problème souvent qualifié de « bombe sociale » ? D’autres mesures doivent être prises et la première concerne la fiscalité des bailleurs privés. Aujourd’hui, un propriétaire est encouragé à louer en meublé plutôt qu’en nu. Une logique qui doit être inversée pour espérer stopper la tendance. L’autre piste concerne les logements qualifiés de « passoires thermiques ». La loi Climat et résilience prévoit d’interdire la location des logements dont le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) affiche les lettres G (2025) ou F (2028). Des mesures incitatives pour faire les travaux apparaissent comme impératives si on ne veut pas voir ces biens disparaître du parc et ainsi aggraver une crise déjà aiguë. 

(1) Les 24 communes de la zone tendue sont : Ahetze, Anglet, Arbonne, Arcangues, Ascain, Bassussarry, Bayonne, Biarritz, Bidart, Biriatou, Boucau, Ciboure, Guéthary, Hendaye, Jatxou, Lahonce, Larressore, Mouguerre, Urrugne, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pierre d’Irube, Urcuit, Ustaritz, Villefranque.