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Économie Vie locale

L’Institut Sofos planche sur les déserts financiers

« Mikaël Hugonnet, Président de l’Institut Sofos et du Conseil de l’Ordre des Experts-Comptables de Nouvelle Aquitaine » - Photo © Ordre des Experts-Comptables Région Nouvelle-Aquitaine

« Mikaël Hugonnet, Président de l’Institut Sofos et du Conseil de l’Ordre des Experts-Comptables de Nouvelle Aquitaine » - Photo © Ordre des Experts-Comptables Région Nouvelle-Aquitaine

Créé en avril 2020 à Bordeaux à l’initiative de l’Ordre des Experts-Comptables, l’Institut Sofos produit des études « pragmatiques, réalistes et sérieuses » assorties de propositions qu’il s’engage ensuite à remettre aux élus et responsables politiques. Dernier sujet traité, celui des déserts financiers.

L’Institut Sofos est un cercle de réflexion apolitique composé d’experts-comptables, universitaires et chercheurs. Depuis sa création il y a plus d’un an, il s’attache à participer au débat d’idées sur la compétitivité de l’économie française. L’entité vient de plancher sur un thème d’actualité, les déserts financiers. « Dans le cadre du plan France Relance, 100 milliards d’euros d’argent public vont être investis à travers le pays. De nombreux territoires ne pourront tirer profit de tout ce potentiel, par manque ou insuffisance de compétences en matière juridique, financière ou d’ingénierie de projet au sein de leur bassin économique » souligne Mikaël Hugonnet, Président de l’Institut et du Conseil de l’Ordre des Experts-Comptables de Nouvelle-Aquitaine.

Un constat sans appel

Selon l’étude, les banques ne suffisent pas au développement économique. Et leur nombre diminue d’année en année… En 10 ans, environ 10 % des agences bancaires (3 500) ont fermé leurs portes. 36 000 agences sont encore en service. « Pour la réussite économique d’un territoire, l'accès aux ressources financières et à des compétences spécifiques constitue l’un des facteurs clés de succès. Il ne suffit pas d’avoir des idées pour réussir, mais bien de s’appuyer sur un écosystème fait d’entrepreneurs, de conseils, d’acteurs publics, d’instituts de formation et d’investisseurs ».

Le phénomène de désertification financière s’est intensifié au cours de la dernière décennie. On note une concentration toujours plus forte de la création de richesses en région parisienne et dans les grandes métropoles françaises. Au détriment des zones géographiques où l’accès aux ressources financières et aux compétences juridiques, comptables et fiscales est insuffisant. Comme exemple, « En dehors de la métropole bordelaise et de quelques zones économiques actives (La Rochelle, Pays Basque-Sud Landes, Agen, Poitiers, Niort, Limoges), le reste de la Nouvelle-Aquitaine fait face à une insuffisance de compétences financières, en ex-région Limousin, Charente, Sud Gironde et Nord des Landes notamment » précise Jean-Étienne Palard, maître de conférences et membre du comité scientifique de l’Institut.

Les origines du phénomène et les solutions

Le point de départ serait l’incapacité du système financier à orienter l’épargne des ménages vers le financement des entreprises, notamment les PME.
« Les épargnants français préfèrent placer leur argent dans l’immobilier ou dans des fonds en euros, car il n’existe pas suffisamment de produits d’épargne locaux ». Au-delà de l’accès aux ressources financières, l’étude relate le manque de compétences de haut niveau pour accompagner la croissance des entreprises. Avec un phénomène accentué par le redécoupage des régions de 2016 qui aurait centralisé les richesses.

« La place des activités de financement au cœur des territoires ne peut être revue sans repenser en profondeur l’organisation de l’architecture locale et ses interactions avec le monde social et entrepreneurial », selon l’Institut Sofos. La proposition est donc de structurer un réseau d’acteurs capables de collecter et de valoriser l’information sur des projets locaux et de créer des relations de confiance entre les acteurs. « Au-delà du goût du risque, il faut réconcilier les épargnants et les entreprises de proximité en faisant de l’entreprise le levier de la croissance territoriale… Attirer les compétences dans les territoires est un autre challenge ». L’étude conclut que les experts-comptables ont donc une carte à jouer. « Il faut faire de l’expert-comptable l’acteur central de l’accompagnement du financement des TPE-PME dans les territoires et créer des réseaux avec des investisseurs en capital ».


Le Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables de Nouvelle Aquitaine couvre 12 départements : Charente, Charente-Maritime, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Dordogne, Gironde, Haute-Vienne, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques et Vienne.
La profession regroupe plus de 1 700 experts-comptables, 400 experts-comptables stagiaires, et 12 000 salariés au sein des cabinets.