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Vie locale

Le moulin Pagosuneko Eihera

Moulin à eau Pagosuneko Eihera à Irissarry © LPA

Moulin à eau Pagosuneko Eihera à Irissarry © LPA

Situé sur la commune d’Irissarry, le moulin à eau Pagosuneko Eihera connait depuis quelques mois une seconde jeunesse. Grâce à la volonté sans faille de la famille Sallaberry, ses propriétaires actuels, ce patrimoine exceptionnel datant de 1705 a pu être en partie restauré au cours de l’année 2022.

Enjambant le Gatharriko Erreka, la bâtisse fait partie de la longue liste du précieux patrimoine irisartar. Construit par la commanderie locale des Chevaliers de Malte — ordre hospitalier implanté dans toute l’Europe occidentale — le moulin bénéficie à ce titre d’un droit aussi précieux qu’inaliénable sur l’eau. Ainsi, la rivière ne pouvait être vendue à cet endroit-là, quoiqu’il arrive, et le moulin en jouissait pleinement.

Le moulin de Pagassone (en français) assure une activité classique de minoterie, avec la production de farine de blé et de maïs pour les boulangeries locales, mais aussi pour les particuliers. Irissarry a d’ailleurs compté jusqu’à six moulins en activité, quatre ayant aujourd’hui définitivement disparu. Pagosuneko Eihera reste ouvert jusqu’en 1965, date à laquelle son maintien en activité ne s’avère plus du tout rentable.

Une aide précieuse

Depuis plusieurs années déjà, et non sans de réelles difficultés, les propriétaires du lieu se mobilisent pour entretenir ce patrimoine, mais aussi pour le faire découvrir aux amoureux des moulins et aux curieux, à travers des visites toujours très appréciées. Et si le bâtiment de style basque ne laisse personne indifférent, les visiteurs restaient jusqu’à présent sur leur faim, le mécanisme du moulin étant totalement hors service.

Par chance, le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, a lancé, en 2022, le programme Mélusine (Mémoire des Lieux d’Usage Sociétaux et d’Identité Notoires et Emotionnels). Concrètement, cette initiative a pour but de préserver et mettre en valeur le patrimoine « du quotidien » et d’aider les propriétaires, qu’ils soient publics, privés ou associatifs, à le valoriser. L’intérêt d’un tel programme est d’accompagner les lauréats de A à Z, avec notamment une subvention initiale, un appel aux dons avec la Fondation du Patrimoine, une bonification éventuelle en fonction des dons reçus, mais aussi le choix des prestataires pour la réalisation de la réhabilitation. Sur les 56 candidatures présentées, 33 ont été retenues par le programme, parmi lesquelles le moulin Pagassone.

Des travaux nécessaires

Une fois les financements trouvés et assurés, les travaux ont pu débuter dès juin 2022. Ils ont essentiellement concerné le mécanisme du bâtiment, dont la double meule en pierre était encore existante, et sa remise en fonction. Le moulin a également pu bénéficier, en parallèle, de l’expertise de l’Agence Nature et Hydrorélectricité de Pau, qui a pour vocation d’accompagner les propriétaires d’ouvrages hydrauliques dans leurs projets de valorisation hydroélectrique. L’agence a ainsi pu aiguiller les propriétaires sur ce point spécifique, en défendant leurs intérêts, et en les aidant à trouver les entreprises les plus qualifiées pour la remise en fonction électrique du moulin.

Un ensemble patrimonial exceptionnel

Si le moulin Pagosuneko Eihera reste une propriété privée, le Centre Départemental d’Éducation du Patrimoine Ospitalea*, voit cette restauration comme une magnifique opportunité d’intégrer le bâtiment dans un module pédagogique intitulé « Appréhender l’eau dans une perspective de transmission ». Cette restauration permet ainsi de « boucler la boucle » et de relier de nouveau le moulin et la commanderie pour envisager ensemble un avenir prometteur, pour le plus grand plaisir des amateurs du patrimoine du quotidien. Pour le visiter, il suffit de s’adresser à Ospitalea.

* Créé en 2002, le CDEPO, qui a pour vocation de transmettre le patrimoine du Pays Basque au plus grand nombre, est installé à Irissarry dans l’ancienne commanderie des Chevaliers de Malte. Le bâtiment est aujourd’hui inscrit aux titres des Monuments historiques.