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Vie locale

La grande histoire des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques

© LPA

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Si « les cheveux gris sont les archives du passé » comme l’écrit Edgar Allan Poe en 1833, les documents conservés dans les Archives départementales sont la mémoire de l’Histoire de notre pays. Connu des chercheurs et des passionnés de généalogie, ce service l’est beaucoup moins du grand public. Une « lacune » que nous vous proposons de corriger dès à présent.

La mémoire de la Nation

Par la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) naissent les Archives départementales. Elles ont alors pour mission principale de collecter, classer, conserver et communiquer le patrimoine écrit du département : archives administratives, familiales, d’entreprises, documents iconographiques.

Des archives très mobiles

Dans un premier temps, les documents historiques du département des Basses-Pyrénées (nom qu’il portera jusqu’en 1960) sont installés à Pau, dans l’ancien couvent des Cordeliers, à quelques pas de l’actuel Tribunal Judiciaire. Le château de Pau, quant à lui, conserve les archives du domaine de Navarre, également connues sous le nom de « Trésors des chartes », ainsi que l’important fonds de la Chambre des comptes.

Les archivistes successifs, avec pugnacité et persévérance, finissent par réunir des archives particulièrement riches, dans un département bicéphale, et ne cessent de compléter, classer et conserver les documents. À la fin du 19e siècle, l’ensemble du fonds est déposé à la préfecture.

Malheureusement, dans la nuit du 21 novembre 1908, un gigantesque incendie entraîne des pertes irréversibles pour les archives du département. Grâce à la clairvoyance de l’archiviste alors en poste, Monsieur Larregrain, les documents les plus anciens sont sauvés (ils étaient conservés dans deux salles blindées). Mais cela n’est pas le cas pour les archives révolutionnaires et celles du 19e siècle. Aujourd’hui encore, les chercheurs et les amateurs de généalogie ne peuvent que constater l’étendue des dégâts causés par ce tragique incendie, des pans entiers de l’histoire locale ayant à jamais disparu.

Suite à cette catastrophe, l’ensemble des archives est déplacé au Parlement de Navarre et bénéficie alors d’infrastructures sûres et bien pensées. Elles sont finalement installées, depuis 1971, à l’entrée de la Cité administrative de Pau. Depuis 2010, le Pôle d’archives de Bayonne et du Pays Basque assure la même mission que l’institution paloise, pour la partie basque du département.

Un fonds exceptionnel

Faire des recherches aux archives départementales ne s’improvise pas. Il faut avant cela s’intéresser à l’ensemble des fonds conservés pour savoir exactement où diriger ses investigations. Comme dans tous les services d’archives de France, les documents sont classés par séries, en fonction de leur date, de leur nature et de leur provenance. Elles sont systématiquement désignées par des lettres (ex. Série A, série F, etc.)

Ainsi, dans les Pyrénées-Atlantiques, il est possible de distinguer quatre grandes périodes : avant 1790 (séries A à H), la Révolution française (de 1790 à 1800, avec la série L), de 1800 à 1940 (séries M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, X, Y et Z), et après 1940 (série W).

Le document le plus ancien conservé dans les Pyrénées-Atlantiques est issu du fonds de l’évêché de Bayonne, dans la série G, c’est-à-dire l’ensemble des documents issus du clergé séculier. Il s’agit du « Dénombrement des pays et vallées composant le diocèse de Bayonne, dressé par Arsius, évêque de Bayonne », conservé sous la cote G 1, et daté de 982. Cependant, Jacques Pons, conservateur général du patrimoine et actuel directeur des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, rappelle qu’il s’agit d’une copie du 12e siècle (ce qui en fait dans tous les cas le document le plus ancien du fonds). Il est conservé au Pôle de Bayonne.

Des équipes passionnées

Aujourd’hui, 33 personnes travaillent quotidiennement à la collecte, au classement, à la conservation et à la mise en valeur des archives départementales (22 à Pau et 11 à Bayonne). Le site béarnais conserve plus de 17,5 km linéaires de documents (pour une capacité de 22 km) tandis que le site basque a une capacité d’accueil équivalente à 11 km linéaires.

Jacques Pons souhaite d’ailleurs achever d’ici 5 à 6 ans le transfert de l’ensemble des documents devant rejoindre le Pôle de Bayonne. Actuellement, c’est l’ensemble de la presse basque qui est déplacé. C’est un travail long, méticuleux, qui exige une préparation des infrastructures et une logistique lourde, mais il s’agit d’un travail essentiel et nécessaire qui permettra aux générations futures de comprendre leur passé afin d’envisager l’avenir plus sereinement.

En savoir plus : http://archives.le64.fr