Vie locale

La démarche FENICS

Les groupes de travail n’avaient pas pour objectif d’apporter une solution immédiate mais de mettre en œuvre l’intelligence collective © Aldudarrak Bideo

Les groupes de travail n’avaient pas pour objectif d’apporter une solution immédiate mais de mettre en œuvre l’intelligence collective © Aldudarrak Bideo

En 2016, le département des Pyrénées-Atlantiques a lancé la démarche expérimentale FENICS. À la fois partenariale et participative, basée sur la dynamique citoyenne, elle a pour objectif d’aider les communes de centralité dans la revitalisation des bourgs.

FENICS se veut être avant tout une réflexion commune entre les conseillers municipaux, les habitants et les partenaires pour mener à bien des projets d’ensemble. Pendant un an, les équipes partenariales réunissent et accompagnent la commune et ses habitants dans une réflexion d’ampleur sur des thèmes d’urbanisme, de patrimoine, ou d’économie, au sein du bourg. L’aspect novateur de la démarche réside dans le fait que les citoyens sont impliqués dans ce processus. Ils prennent part aux discussions et aux groupes de travail qui les réunissent à une même table avec les élus et les partenaires. À l’issue de plusieurs rencontres et ateliers, un plan d’action est établi incluant plusieurs axes pour les années à venir. En 2021, deux communes de moins de 2000 habitants ont été retenues pour être accompagnées par la démarche FENICS : Arthez-de-Béarn et Guiche.

Quand les ateliers FENICS recréent du lien à Guiche

Située à quelques kilomètres de Bayonne, dans le canton de Nive-Adour, Guiche est une commune résidentielle attractive, proche des grands axes, mais ancrée dans la ruralité, un aspect de plus en plus recherché. Néanmoins, ses habitants soulignent son manque de commerces de proximité et la quasi inexistence de lieux de vie et de partage.

Pilotée par le Département, la démarche FENICS convie plusieurs partenaires. Dans le cas de Guiche, les principales structures d’ingénierie départementales se sont mobilisées pour accompagner la commune. Parmi eux, l’Agence d’Urbanisme Atlantique et Pyrénées (AUDAP), le Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE), l’Établissement Public Foncier Local (EPFL), l’AaDT, la CCI, la Communauté d’Agglomération du Pays Basque, auxquelles s’ajoute Aldudarrak Bideo, société d’animation vidéo.

La première étape a été la sensibilisation des Guichots. Aldudarrak Bideo a mené des interviews et micros-trottoirs auprès des habitants, un questionnaire a été distribué, puis les premières réunions ont eu lieu. Les nouveaux arrivants se sont particulièrement impliqués dans le projet, à l’image de Baptiste Berhonde pour qui les ateliers s’inscrivaient dans une volonté d’engagement envers la commune : « C’est important pour ma compagne et moi-même de nous intégrer et de nous investir localement. Nous n’avons pas hésité à venir ». À l’issue des premières discussions et d’une marche exploratoire, des groupes de travail se sont formés. Intergénérationnels, ils ont permis aux habitants de tisser un nouveau lien. « Cela a créé des moments de convivialité que tout le monde a appréciés ; les anciens du village ont pu transmettre leurs connaissances du patrimoine de Guiche » souligne Nelly Lacave, conseillère municipale. « Certaines personnes se sont déplacées à ces réunions alors qu’elles ne prennent pas la peine d’assister aux autres manifestations ». Même les plus jeunes ont participé à cette réflexion : un atelier mené à l’école les a incités à dessiner leur village idéal.

Le coeur de la démarche : l’accompagnement des institutions et l’implication des citoyens

Les groupes de travail ont mené des réflexions sur des thématiques variées comme le cheminement doux, la gestion des flux, les commerces et l’attractivité. Des experts ont été mobilisés, un projet d’écluse a même été testé pour réimaginer la circulation et les aménagements du centre- bourg. « On nous demandait d’avoir une vision de Guiche à 5 ans, à 20 ans. Tout était permis, on pouvait rêver », raconte Nelly Lacave.

L’originalité de la démarche FENICS réside dans ce processus : elle ne cherche pas à imposer des projets déjà aboutis. Elle vise au contraire à accompagner et inciter la réflexion commune, à explorer le champ des possibles. « Même si notre commune est petite, il faut prendre en compte les visions de nombreuses personnes pour ne pas se tromper. Pas uniquement celle des 13 élus », ajoute la conseillère municipale. Au département, on reconnaît que la démarche peut perturber et bousculer un peu les habitudes. Mais miser sur la dynamique citoyenne ne peut qu’aider à la revitalisation des communes, ce que salue Baptiste Berhonde, pour qui « la démarche citoyenne est dans l’air du temps ».

Le département doit livrer le plan d’action issu des discussions dans les jours à venir. L’enjeu sera ensuite de concrétiser ce travail par la mise en place de travaux et de dynamiques réelles, avec l’accompagnement des partenaires.