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Entreprise Vie locale

Jean Darricarrère maître du temps

« Quand on ouvre une pièce ancienne, on y trouve un je-ne-sais-quoi d’âme… » Jean Darricarrère - Photo © FF

« Quand on ouvre une pièce ancienne, on y trouve un je-ne-sais-quoi d’âme… » Jean Darricarrère - Photo © FF

Rencontre avec l'unique artisan horloger de Bayonne, Meilleur Ouvrier de France (MOF) en 2015. Installé depuis 21 ans, Jean Darricarrère répare, restaure et, quand le temps le lui permet, crée des trésors de complexité mécanique.

À quelques pas de la cathédrale, rue Lagréou, son atelier pourrait lui aussi figurer parmi les incontournables de Bayonne sur les guides touristiques. Car regarder travailler Jean Darricarrère, 48 ans, seul artisan horloger de Bayonne, ressemble à un spectacle. Dans son atelier bercé par des accords de jazz et l’implacable tic-tac des horloges et des pendules, loupe posée sur ses lunettes, brucelles - les pinces - dans une main, tournevis dans l’autre, il répare et restaure des trésors mécaniques. Mais les particuliers qui sollicitent son savoir-faire doivent faire preuve de patience… Au moins six mois d’attente ! « Jadis, quasiment chaque village avait son horloger, remarque Jean Darricarrère. Aujourd'hui il y a un certain nombre de villes importantes dans lesquelles on ne trouve plus d’atelier d’horlogerie digne de ce nom. Ou alors des boutiques qui renvoient les pièces chez les horlogers en chambre ou directement auprès des marques. »

Une affaire de famille

« Le patrimoine horloger est important et il m’arrive encore d’être émerveillé par l’esthétique, la qualité d’exécution et les solutions techniques de ces objets », poursuit-il. La pièce la plus ancienne qu’il a réparée ? Une horloge Louis XIV. « J’ai aussi le souvenir d’une horloge de table allemande du début du XVIIIème siècle. C’est un siècle durant lequel il y a eu énormément de productions horlogères de qualité, qui valaient la peine d’être transmises et qui ont traversé les années : beaucoup de pendulerie, de gros volumes et, plus rare, des montres gousset, des montres à sonnerie, des montres à complication… »

Chez les Darricarrère, l’horlogerie est une affaire de famille. Comme un clin d’oeil, ses grands-parents maternels étaient… suisses, ses grands oncles horlogers et son père tient toujours à 90 ans la bijouterie-horlogerie familiale près de la cathédrale !

« Le coup d’oeil et le coup de patte »

À 15 ans, Jean part étudier dans le Doubs, fief français de l’horlogerie, où il décroche BEP et BAC Pro en micromécanique. Suivent deux inévitables années de formation en Suisse, dans un atelier de restauration, puis au sein de la prestigieuse manufacture de Blancpain. « C’est là que j’ai sûrement acquis le coup d’oeil et le coup de patte dont me parlaient mes professeurs », note-t-il.

En 1994, c’est le retour à Bayonne pour travailler avec son père, avant l’ouverture de son propre atelier. En 2015, Jean Darricarrère devient Meilleur Ouvrier de France (MOF), le graal pour tout artisan, grâce à une montre entièrement créée pour l’occasion et joliment baptisée « Les heures vagabondes ». Elle aura nécessité 600 heures de travail !

Dans ce quartier historique de Bayonne, cet artisan horloger pour qui le temps s'égrenne avec passion nous a plongés dans cet univers si précis qu'est l'horlogerie.