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Vie locale

Frédéric Henri Perret, DÉCORATEUR Bayonnais de la Villa Arnaga

© DR

Véritable écrin abritant la créativité d'Edmond Rostand, l’ensemble du domaine de la Villa Arnaga est un condensé de ce qui se faisait de mieux au début du 20e siècle en matière d’architecture, de construction et de décoration © DR

Si les oeuvres d’Edmond Rostand font partie du patrimoine littéraire français, son oeuvre de pierre - la Villa Arnaga - l’est tout autant. L’auteur de Cyrano de Bergerac a fait appel aux meilleurs, l’architecte français Albert Tournaire en tête. Ce dernier a confié la réalisation du projet à nombreuses entreprises locales, et plus particulièrement à Frédéric Henri Perret, alors ébéniste et décorateur à Bayonne.

Frédéric Henri Perret naît à Bayonne le 2 août 1868, quelques mois après un certain dramaturge et poète. Il suit une formation en ébénisterie et tapisserie, et se passionne pour la décoration. Très vite, il fait preuve « de beaucoup de goût », comme l’affirme Paul Faure, ami fidèle d’Edmond Rostand, dans son livre Vingt ans d’intimité avec Edmond Rostand.

En 1900, Paul Campagne et son épouse Julienne Moussempès, alors propriétaires du très couru et renommé Hôtel d’Angleterre à Biarritz, confient à l’architecte Raymond Larrebat-Tudor le soin de construire leur propriété secondaire. La Villa Marnoger – du nom de leurs enfants Marcel, Nora et Roger – est une somptueuse demeure connue désormais sous le nom « Villa Beatrix Enea », à Anglet. L’ensemble de la décoration est confié à Frédéric Henri Perret qui a ainsi l’opportunité de montrer l’étendue de son talent face à des clients très exigeants et aux attentes prononcées.

La folie Arnaga

Albert Tournaire, avec l’accord d’Edmond Rostand et Rosemonde Gérard, choisit donc naturellement Frédéric Henri Perret pour l’ameublement de la Villa Arnaga, aux côtés des peintres décorateurs tels Georges Delaw, Clémentine-Hélène Dufau, Gaston de La Touche et Jean Veber. Il a l’avantage d’être basé à Bayonne, à seulement une vingtaine de kilomètres du chantier monumental de la villa, et de pouvoir se rendre très facilement disponible dès que l’académicien le demande. Il intervient dans toutes les pièces, aussi bien pour choisir une lampe de chevet ou une descente de lit, que pour dessiner le décor d’une cheminée ou encore la grande coupe à fruits de l’escalier. Pour comprendre l’importance du décorateur bayonnais dans la construction, il suffit de se tourner une nouvelle fois vers Paul Faure : « Maintenant que la maison était bâtie, le décorateur Henri Perret allait continuer les allées et venues de l’architecte Tournaire ; mais son règne devait durer plus longtemps, pour l’excellente raison que, la maison étant construite, il n’y avait guère plus à y toucher, tandis que tout ce qui serait le travail d’ameublement ne verrait jamais la fin. Perret est Bayonnais. Il a du goût. Rostand le distingua tout de suite, en fit le réalisateur de ses imaginations ».

De janvier 1905 à décembre 1906, Perret est omniprésent dans la villa, et répond aux moindres exigences d’Edmond Rostand, non sans quelques retards. Il lui est notamment confié la réalisation du cabinet de travail de l’écrivain, entièrement réalisé en placage de citronnier. Cet ensemble exceptionnel et précieux, situé juste à côté de la grande salle à manger et de l’office, offrait au poète un cadre de travail particulièrement calme et intime.

Autre pièce marquante entièrement réalisée par Perret, la bibliothèque si chère à son propriétaire. Et si la pièce maîtresse de cette pièce reste le vitrail de Louis Trézel, représentant l’Arbre de Vie, l’écrin tout autour n’a pour seule vocation que de montrer la place de la littérature dans la vie de la famille Rostand. Frédéric Henri Perret réalise tous les rêves du maître des lieux, en témoigne une lettre qu’il reçoit avec une liste sans fin de « petites choses » à faire et se terminant par « etc., etc. » Celui qu’Edmond Rostand nomme « Mon cher Perret » a donc été l’un des acteurs majeurs de la construction de la Villa Arnaga.