FORCE BASQUE, un sport venu des montagnes et des champs
Née des gestes du quotidien paysan, la force basque ou herri kirolak est une discipline sportive spectaculaire, enracinée dans l’histoire du Pays Basque. Entre compétition physique et transmission culturelle, elle incarne un lien vivant entre un passé agricole et une identité régionale en accord avec ses racines.
La force basque n’a pas été inventée dans un gymnase ou sur un terrain de sport : elle est née dans les fermes, les champs, les montagnes. Avant d’être une série d’épreuves spectaculaires, elle était tout simplement la vie quotidienne des hommes et des femmes du Pays Basque. Il fallait déplacer des pierres, charger du foin, fendre du bois ou encore transporter de lourds bidons de lait à travers les sentiers. Ces gestes, devenus aujourd’hui des défis sportifs, étaient autrefois vitaux pour survivre dans un environnement exigeant.
Des épreuves nées du travail rural
Les disciplines de la force basque racontent une mémoire vivante des habitants des sept provinces historiques. Aujourd’hui, seize épreuves sont officiellement reconnues en tant que Deporte Rural Vasco par les autorités culturelles basques, dont on peut distinguer quelques incontournables : Soka tira (tir à la corde) : deux équipes de huit tirent sur une corde, le but étant de faire franchir quatre mètres à l’adversaire, en deux manches gagnantes. Discipline collective mythique, elle a même été olympique aux premières éditions modernes.
Zaku lasterka / Zalulariak (course au sac) : sprint individuel ou relais de trois coureurs avec un sac de maïs de 80 kg porté sur le dos.
Untziketariak / Esneketariak (épreuve des bidons) : tenir deux bidons de lait de 40 kg sur chaque bras, autant que possible sans les poser au sol.
Orga joko (levage de charrette) : faire tourner une charrette de 350 kg posée sur un timon, sans la reposer, sur la distance la plus longue. Lasto altxatzea (lever de ballot de paille) : hisser, à l’aide d’une poulie, des ballots de 45 kg jusqu’à 8 m de hauteur à la force du poignet, autant de ballots soulevés en deux minutes que possible.
Aizkolariak / Arpanariak (bûcherons, scieurs) : couper une série de troncs de hêtre (35–75 cm de diamètre) à la hache ou à la scie en binôme, le plus vite possible, y compris à 6 m de hauteur sur une planche de bois.
On trouve également le harri jasotze (levage de pierres de 200 à 300 kg pendant 4 minutes), le ramassage d’épis de maïs (« lokotxa »), le lever d’enclume, et des variantes locales comme le lancer de palanka (barre à mine), peu pratiquée, mais emblématique.
Modernisation et transmission
Si les gestes sont hérités des tâches du quotidien, les pratiques ont été codifiées dès le milieu du XXème siècle : le Festival de Saint Palais naît vers 1950, et l’exanimateur Guy Lux invente le terme « force basque » dans les années 1960 pour populariser cette tradition. Le premier spectacle de Deporte Rural Vasco réunit dès 1992, à Bonn en Allemagne, plusieurs nations autour d’un même pan de patrimoine sportif et culturel. Aujourd’hui, les compétitions sont nombreuses, notamment l’été, pendant les fêtes basques ou lors de festivals organisés dans les villages. La force basque y est mise en scène comme un véritable spectacle, sans jamais trahir son authenticité. On y retrouve les mêmes gestes, les mêmes défis, les mêmes encouragements. On y entend toujours les applaudissements quand une pierre est soulevée, les cris d’effort dans le bois qui cède sous la hache ou la scie, et les chants traditionnels qui accompagnent les compétiteurs.
Ce renouveau s’accompagne également d’une évolution dans la préparation des athlètes : musculation ciblée, alimentation suivie, récupération, stratégie. Et les femmes s’y engagent de plus en plus, apportant un nouveau souffle à une discipline longtemps considérée comme exclusivement masculine.
La force basque est ainsi passée du champ à la scène, sans perdre son âme. Elle continue de raconter une histoire. Celle d’un peuple attaché à ses terres, à sa langue, à ses gestes. Elle transmet un savoir, une manière d’être, une relation au corps et à l’effort qui dépasse le simple cadre sportif. Elle unit les générations, rassemble les villages, et offre à tous, participants comme spectateurs, un moment d’émotion enraciné dans la culture basque. Entre passé rural et avenir sportif, elle continue d’évoluer, sans jamais renier ses origines.
- Le CONTRAT Municipal ÉTUDIANT fait son retour à Pau
- BURN-OUT des ARTISANS : la CMA se mobilise