Imprimer la page
Vie locale

À l’époque de L’HIPPODROME d’Anglet

Avant de laisser sa place au Parc Izadia, une grande partie du domaine de la Barre, à Anglet, a été occupée par un hippodrome dont beaucoup gardent le souvenir. Pendant près d’un siècle, le lieu a fait la joie des amateurs de courses hippiques et des paris sportifs qui les accompagnent, dans un cadre atypique, à quelques mètres des plages de sable fin.

La très longue histoire de l’équitation et des sports hippiques

Il faut remonter plusieurs millénaires pour trouver les premières traces de l’histoire de l’équitation telle que nous la connaissons et la pratiquons aujourd’hui. En effet, elle trouve très certainement sa source en Assyrie aux alentours du XXème siècle avant Jésus-Christ. Les premiers équidés montés par des cavaliers, à cru, sont alors issus de croisements, car jusqu’alors ils étaient de trop petite taille et l’on se contentait de les atteler à des chars, que cela soit pour le simple transport, pour la guerre ou encore pour des jeux. Bien plus tard, durant les Vème et VIème siècles, on conserve la trace écrite — notamment celle d’Homère — de courses de chevaux ayant eu lieu pendant les Jeux Olympiques grecs.

Faisons maintenant un immense bond dans le temps, en survolant la Rome antique, la conquête de la Bretagne, les légendes arthuriennes, l’expansion arabe avec l’apport de la selle et de nouvelles races plus grandes et plus véloces, et arrêtons-nous aux XVIIème et XVIIIème siècles. Ici débute véritablement l’histoire des courses hippiques, en particulier à Epsom, en Angleterre, où a toujours lieu, et ce depuis 1780, l’un des plus prestigieux derbys. La folie équestre s’étend ensuite à toute l’Europe et à l’Amérique du Nord, impulsée par l’expansion des paris sportifs. Progressivement, les propriétaires des chevaux ne participent plus eux-mêmes aux courses, au profit des jockeys.

Les courses hippiques possèdent une particularité dans le monde de l’équitation : il n’existe pas de Fédération Internationale les régissant, la Fédération Équestre Internationale (FEI) régulant uniquement la pratique des neuf disciplines suivantes : concours de saut d’obstacles, dressage, concours complet d’équitation, attelage, endurance, voltige, reining et disciplines para-équestres (dressage, attelage).

Quand la fureur hippique atteint le Pays Basque

Le 7 septembre 1873 a lieu l’inauguration de l’hippodrome d’Anglet, sur le site de la Barre. Quatre prix sont immédiatement mis en jeu lors des premières courses pour attirer les amateurs. Commandité par un cousin du maire de Bayonne, Félix Labat, et par Lord Howden, propriétaire du château de Caradoc, à Bayonne, ce champ de courses correspond au développement de la ville de Biarritz et à la volonté des notables locaux, mais aussi extérieurs, de pouvoir bénéficier de loisirs attrayants ; sans oublier l’importance de se montrer dans les tribunes et de faire ainsi partie du « gotha » local. Si les plus anciens d’entre nous se souviennent de son emplacement, il est bon de remettre l’espace dans son contexte : les tribunes de l’arène équestre se situaient approximativement à la place de l’actuel skate park tandis que la piste débordait sur le parc Izadia, son implantation découlant de l’évolution du site. En effet, dès la première moitié du XVIIIème siècle, l’arrêt de la divagation de l’Adour (c’est-à-dire la fixation définitive de son lit) crée une nouvelle zone humide, bien visible sur les cartes d’alors. À la fin du siècle suivant, une autre carte permet de distinguer clairement le lac de la Barre, celui de Chiberta, ainsi que la mention « hippodrome ». En 1926, le Syndicat d’Initiative du Pays Basque édite une « carte de la région de Bayonne Anglet Biarritz » sur laquelle on distingue parfaitement l’enceinte de course et l’ensemble des infrastructures.

Ce site a été choisi afin d’y développer, à moyen terme, une immense zone de loisirs et de tourisme. L’ensemble du complexe s’étend alors sur 50 hectares, prenant le dessus sur les cultures de vigne (vin des sables), le gemmage des pins et les zones de maraîchages.

La première moitié du XXème siècle est véritablement l’apogée de l’activité de l’hippodrome d’Anglet, particulièrement pendant les Années Folles. Si la Seconde Guerre mondiale marque un arrêt brutal des courses, laissant place à un énorme blockhaus implanté par les troupes nazies (il est actuellement utilisé pour stocker du matériel), l’Après-Guerre permet un regain de notoriété pour l’enceinte, bientôt concurrencée par l’hippodrome de Biarritz, inauguré en juillet 1954 sur un terrain de la Cité des Fleurs.

La suite de l’histoire de l’hippodrome d’Anglet n’est qu’un lent déclin, son activité ne cessant de diminuer au fil des années, malgré d’importants travaux de rénovation dans les années 1960 et la construction de la patinoire en 1969. L’infrastructure est détruite à la fin des années 1980, au profit, notamment, du complexe de thalassothérapie d’Atlanthal qui est inauguré en 1991. Le site est alors abandonné et suite à une concertation publique, cet espace naturel donne naissance au Parc Izadia, inauguré fin 2017 que nous connaissons et apprécions tous.