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Vie locale

À la découverte de ... Le sentier des Mines à Saint-Martin-d'Arrossa

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Laissez-vous guider et partez à la découverte de balades près de chez vous. Marie Barace Perromat, à travers sa plume, vous fait voyager en des lieux insolites mêlant histoire et patrimoine.

Cette balade offre le plaisir du grand air et des points de vue remarquables, mais son intérêt ne s’arrête pas là. Nos pas nous mènent dans ceux d’hommes ayant vécus il y a plus de 2000 ans, à l’époque de l’Âge du fer. Deux sentiers balisés et agrémentés de neuf panneaux explicatifs permettent en effet de découvrir les vestiges archéologiques de la plus ancienne mine de fer du Pays Basque. Au IIIe siècle avant J.-C., un filon de sidérite de 3 km, reliant le ravin de Larraburu, au sud-ouest, au Pikasari, au nord-est, est découvert sur le massif de Larla. Un filon est un gisement de minerai métallique, en masse allongée, qui se trouve au milieu de couches de natures différentes. Dans l’idée, c’est un mille-feuilles qui s’est constitué au fil des millénaires et dont on va extraire le coeur. Sur le site de Larla, la sidérite est encaissée dans du grès rose. Cette sidérite est d’origine hydrothermale, c’est-à-dire qu’elle s’est minéralisée suite à la circulation souterraine d’une eau chaude chargée en minéraux dissous. À la sidérite, présente sous terre, s’ajoute en surface la goethite, un autre minerai de fer.

Pendant plus de deux millénaires, ces minerais vont être extraits du sol et transformés en fer dans les ateliers métallurgiques installés aux abords des mines. Ils seront ensuite transportés dans les divers établissements métallurgiques établis dans le bassin d'Ossès et dans la vallée des Aldudes. La balade nous fait également voyager à travers le temps, de l’époque romaine jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Les fouilles archéologiques entreprises à Larla à partir de 1999 ont abouti à la découverte d'une soixantaine d'ateliers de métallurgie et de très nombreuses mines. Toujours en cours d’études archéologiques, les mines de Larla ne sont pas encore ouvertes au public, mais les deux sentiers de randonnée aménagés permettent d’observer une partie des vestiges miniers et métallurgiques qui jalonnent ce site. Le plus grand des deux circuits, nommé sentier des mineurs, chemine sur 9,4 kilomètres et offre aux marcheurs de beaux témoignages de cette activité.

Métallurgie d’époque antique

Les données actuelles estiment que plus de 2 000 tonnes de fer furent produites sur le site de Larla de la fin de l'Âge du fer à l'époque gallo-romaine. Parmi les vestiges de cette époque, on compte un grand nombre de chantiers à ciel ouvert, mais aussi des kilomètres de galeries creusées à la pointerolle, outil classique du mineur qui se présente comme un ciseau en fer. Entre autres, la mine de Pikasari a été creusée au cours des premiers siècles de notre ère. En surface, au col d’Harotzaineko Borda, les fouilles archéologiques ont mis au jour un bas fourneau du 1er siècle, dans un état de conservation exceptionnel. Utilisé jusqu’au Moyen-Âge, le bas fourneau se distingue du haut fourneau, inventé plus tard, par sa température de combustion. Le premier atteint une température d’environ 1 100 °C, permettant de transformer le minerai de fer en fer métallique, tandis que le second, atteint les 1600°C et transforme ce même minerai en fonte. La production de fer dans un bas fourneau s’accompagne de déchets métallurgiques, des résidus solides appelés scories, également retrouvés sur le site de Larla et attestant de la présence de nombreux autres ateliers.

Métallurgie à l’âge industriel

L’exploitation du filon se poursuit et se développe au cours des siècles, nous emmenant aux portes du XIXe siècle. La randonnée permet de visualiser de multiples témoignages bien visibles de cette activité jusqu’au XXe siècle. Plusieurs entrées de mines s’ouvrent sur les flancs de Larla et les ruines des installations rythment le parcours. On peut notamment observer les restes des trémies qui permettaient le chargement du minerai de fer extrait du ravin de Larraburu. Il était préalablement acheminé jusque-là par un téléphérique long de 1,8 km dont il ne subsiste aujourd’hui aucune trace. En revanche, le minerai était ensuite transporté dans des wagonnets sur une voie de roulage horizontale qu’il est aujourd’hui encore possible de parcourir sur 1,5 km. Au cours de cette dernière période et avant l’arrêt complet de l’exploitation des mines en 1914, ce sont 250 000 tonnes de fer qui furent produites. Que ce soit pour le plaisir des paysages ou par intérêt archéologique et historique, le sentier des mineurs de Larla est une destination à ajouter à vos idées de randonnées.